Vatican : le pape condamne l’esclavage au travail et le chômage des jeunes

Jeudi 29 Mai 2014 - 17:45

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Le souverain pontife appelle l’Organisation internationale du travail et la communauté des nations à s'attaquer au chômage durable des jeunes

Le chef de l’Église catholique a adressé un message à l’Organisation internationale du travail (OIT) qui a ouvert mardi dernier à Genève, en Suisse, la session de sa cent troisième conférence annuelle. Encourageant l’organisation et la communauté internationale à rechercher ensemble les solutions au lancinant problème du chômage durable des jeunes, le pape François n’a pas hésité à le qualifier d’aliénation, et le travail forcé par les circonstances ou la contrainte expresse des hommes de véritable crime contre l’humanité.

« Il est inacceptable, a écrit le pape, dans notre monde, que l'esclavage dans le travail soit devenu monnaie courante. Cela ne peut continuer ! Le trafic d'êtres humains est un fléau, un crime contre l'ensemble de l'humanité. » Depuis son accession à la papauté, le souverain pontife d’origine argentine mais né de parents italiens ne cesse de pourfendre les dirigeants du monde qui restent insensibles au drame de l’immigration. Pour lui, c’est la recherche désespérée de meilleures conditions d’existence – et donc du travail – qui explique les drames à répétition de ces dernières décennies, avec des dizaines et des dizaines de migrants tentant de franchir les frontières.

Dans sa lettre à M. Guy Ryder, le directeur général de l’OIT, le pape suggère : « Joignons nos efforts et œuvrons ensemble à éradiquer ce crime qui nous touche tous, des seules familles à l'ensemble de la communauté internationale ! » Pour lui, le grand nombre des hommes et des femmes forcés de chercher un travail loin de chez eux devrait constituer un grave motif de préoccupation. C’est cela qui explique l’effroyable nombre élevé de clandestins noyés en Méditerranée, par exemple, dans leur tentative désespérée de gagner l’Europe. Et quand ils y parviennent, l’eldorado devient un cauchemar : « Ayant fait de tels sacrifices, ces hommes et femmes ne réussissent souvent pas à trouver un travail digne et deviennent victimes d'une certaine mondialisation de l'indifférence, leur situation les exposant à de nouveaux dangers, comme le travail forcé et l'esclavage. » En juin dernier, après la noyade de dizaine d’immigrés près de l’île sicilienne de Lampedusa, en Italie, le pape avait déjà dénoncé cette globalisation de l’indifférence dans un monde qui reste sourd aux cris de détresse d’une partie de l’humanité.

Beaucoup de ces migrants noyés à répétition sur les côtes italiennes sont originaires d’Afrique. Il faut donc, recommande le pape, rechercher des solutions au chômage des jeunes « qui élargit tragiquement les frontières de la pauvreté. C'est particulièrement éprouvant pour les jeunes qui peuvent si facilement se démoraliser, perdant le sens de leur valeur, se sentant aliénés dans la société. »

Lucien Mpama