Violences faites aux femmes: les chefs religieux appelés à apporter protection aux victimes

Samedi 19 Mars 2022 - 11:17

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Les responsables des confessions religieuses ont échangé, le 17 mars au Centre d’information des Nations unies à Brazzaville, sur la protection des femmes et des filles contre les violences de tous ordres qu'elles subissent.

La rencontre s’est inscrite dans le cadre du projet « Protection des femmes et des filles contre les violences ayant pour base le genre », financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’ONG Azur Développement dans les départements de Brazzaville, de la Bouenza et de Pointe-Noire. L’objectif a été de sensibiliser les leaders religieux sur les différentes formes de violences faites aux femmes et aux filles, la maltraitance des enfants et leurs manifestations, et solliciter leur collaboration dans l'orientation des victimes vers les guichets uniques d'assistance.

Au total, plus de neuf cents femmes et filles victimes de toutes formes de violences ainsi que celles vivant avec handicap ou séropositives sont des bénéficiaires. Les organisateurs de la rencontre ont souligné à cette occasion le rôle important des leaders religieux dans l’éducation des filles et des garçons. Selon eux, il est nécessaire d’informer ces responsables des différentes manifestations des violences faites aux femmes et aux enfants, des moyens de recours afin de prévenir et dénoncer toutes ces  violences pour assurer aux victimes une assistance appropriée.

En effet, les leaders religieux ont été édifiés sur les statistiques des violences enregistrées au niveau de la gendarmerie nationale, les services du guichet unique d’assistance aux femmes et files victimes de violences, le cadre juridique de protection des femmes et enfants victimes de violences au Congo ainsi que de la politique de l’Eglise évangélique du Congo (EEC) en matière de lutte contre les violences fondées sur le genre en son sein et dans la société. D’après les statistiques de la gendarmerie, 114 cas ont été enregistrés courant 2021.    

Par ailleurs, une étude sur « Les droits des femmes et des enfants au sein de l’église et dans la société » a été présentée par un des responsables de l’EEC. Réalisée en 2012, l’étude  s’inscrivait dans le cadre de la politique de cette église en matière de lutte contre les violences ayant pour base le genre en son sein et dans la société. Elle concernait les paroisses de Ouenzé à Brazzaville et Kinkala dans le département du Pool.

Les résultats de l’enquête ont révélé l’existence des violences au sein de la communauté : les violences physiques à l’égard des femmes et des enfants dans les foyers des membres de l’EEC, le harcèlement sexuel et le viol par les serviteurs et membres.  

De même, il a été souligné le comportement hostile de certains responsables et paroissiens rencontrés lors de la mise en œuvre du projet pilote 2013 à 2015, soumissionné au partenaire norvégien et ayant obtenu un financement dans les paroisses urbaines de Brazzaville et de Ngo, dans le département des Plateaux, et Kinkala dans le Pool.   

Parmi les difficultés rencontrées lors de cette étude, figurent la réticence des victimes à dénoncer leurs agresseurs par peur des représailles (membres de l’église ou parents), la pudeur de certaines femmes, l’incertitude de certains serviteurs sur l’existence et l’ampleur des violences ayant pour base le genre touchant les femmes (tous âges confondus) au sein de l’EEC ainsi que les conséquences sur les victimes, leurs proches et l’église.

Les objectifs étaient de renforcer les capacités de la direction de l’EEC et de ses organes rattachés pour mieux gérer les formes et manifestations de violences fondées sur le genre; élever chaque paroisse au niveau de responsabilités de la gestion des questions relatives aux violences faites sur le genre; renforcer le partenariat entre l’EEC, les écoles d’enseignement protestantes, les pouvoirs publics, les églises sœurs congolaises et ONG/associations et les médias de l’EEC sur la réduction des violences basées sur le genre.

Recommandations

A l’issue de la rencontre, les recommandations formulées ont encouragé les victimes à dénoncer les auteurs des violences pour exercer des poursuites et les sanctionner effectivement. Les participants souhaitent la  facilité d’accès à la justice des victimes de ces actes, l'activation et l'effectivité de l’assistance judiciaire, l’accompagnement effectif des ONG en intégrant la possibilité de soutien et de financement de l’action des avocats pour faire aboutir les procédures ainsi que sensibiliser et former des agents des services de répression (policiers, gendarmes, magistrats) sur l’ampleur du problème, la manière de traiter les victimes (respect, non culpabilisation) et bien d’autres.   

 

Lydie Gisèle Oko

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