Voir ou revoir : « Banel et Adama » de Ramata Toula-Sy

Le jeu d’acteur des deux personnages principaux du film, Khady Mane et Mamadou Diallo, forcent l’admiration. Banel et Adama s’aiment d’un amour fou et passionnel. Ils s'aiment au-delà du physique et ça se voit à travers leur regard qui perce l’âme. Seulement, les protocoles au sein de leur communauté ancrée dans la tradition et la religion s’érigent comme un frein à leur union et vont tout doucement déchirer le couple.

Banel a une mentalité qui diffère des femmes de sa communauté. C’est une évidence, elle ne veut pas de cette vie de « villageoise » qui la limite à s’occuper du village, se marier, s’occuper du foyer et faire des enfants. Un peu comme les autres femmes de son village. Banel ne conçoit pas le monde de cette manière. Elle rêve d’amour, d'indépendance et souhaite s'émanciper. Le village l'étouffe.

Le personnage d'Adama est lui partagé entre ses devoirs et ses désirs. Il aime Banel d'un amour absolu mais la survie du village repose sur lui. Il se doit de respecter la lignée de sang. Acceptera-t-il ?

A travers son premier film, Ramata Toula-Sy souligne subtilement le mépris de la femme qui a perdu au sein de certaines communautés. A travers des séquences poignantes et des mots forts, la réalisatrice parvient à montrer combien, pour certains, la voix de la femme n’est pas aussi importante que celle de l'homme. De ce fait, elle ne jouit pas de ses droits.

En termes de mise en scène, le film se constitue principalement de gros plans, même si ceux-ci alternent aussi de temps en temps avec des plans d'ensemble mettant en valeur le superbe écrin dans lequel évolue les personnages, dans un village un peu perdu au nord du Sénégal. Sorti en aout dernier, ce long-métrage d’environ 1h 27 min est actuellement au cinéma.