Communiqué de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19

Vendredi 29 Mai 2020 - 11:45

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Il s’est tenu ce jour jeudi 28 mai 2020, de 11h30 à 14h25, par visioconférence et sous la très haute autorité de son Excellence, M. Denis Sassou N’Guesso, président de la République, chef de l’Etat, la 4e réunion de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19. 

Ont été invités à se joindre aux membres de la Coordination nationale les professeurs Fidèle Yala et Antoine Ange Abena, respectivement président et vice-président du Comité d’experts. 

Un seul point était inscrit à son ordre du jour, à savoir :
    - Examen du 4e rapport de la Task Force à la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19, portant sur le déroulement de la première phase du déconfinement progressif et par paliers engagé depuis le 18 mai 2020 ;
       Présentation du 4ème rapport de la Task Force

Invité par le président de la République à prendre la parole, M. Gilbert Ondongo, ministre d’Etat, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Portefeuille public, président de la Task Force, a rappelé que notre pays s’est, depuis dix jours, engagé dans la mise en œuvre du premier palier du déconfinement.

Le ministre d’Etat Ondongo a précisé que l’épidémie n’a pas arrêté sa progression dans le pays. Le virus continue, en effet, à circuler sur notre territoire. Ainsi, le 13 mai dernier, date de la troisième session de la Coordination nationale, le Congo comptait 341 cas de contamination ; à la date du 27 mai 2020, il y a 571 cas, soit une progression de plus de 55% en dix jours.

Ce constat a amené la Coordination nationale à souligner la nécessité de suivre, jour après jour, l’impact du déconfinement sur l’évolution de la maladie. Cette situation amène les pouvoirs publics à adapter la riposte à cette évolution de la maladie.

1. Le respect des mesures de protection individuelle et collective

Tout en rappelant l’importance du lavage régulier des mains et de l’observation de toutes les bonnes règles d’hygiène individuelle, il s’est agi d’évaluer l’application des obligations suivantes.

   a/ Le port du masque
Aujourd’hui, à Brazzaville comme à Pointe-Noire, l’on observe que la quasi-totalité des citoyens se trouvant sur un espace public ouvert ou fermé, ou dans des moyens de transports collectifs ou privés, portent un masque.
Dans les communes et les chefs-lieux de district, le port du masque se généralise également. Cependant, un certain déficit est observé dans l’arrière-pays. La Coordination nationale invite donc les pouvoirs publics à accélérer la distribution gratuite des masques dans ces zones où les populations ne disposent pas des moyens de les acquérir.
D’autre part, la Coordination nationale, outre l’obligation de poursuivre les actions de contrôle, constate la nécessité de mener des opérations de communication afin d’enseigner aux populations la manière convenable de porter ledit masque. 
Elle appelle les ministères en charge de l’Industrie et de la Santé à diffuser auprès des producteurs locaux et du grand public les normes à respecter pour la confection des masques.

   b/ La distanciation sociale
Elle n’est, hélas, pas strictement respectée dans les moyens de transport en commun (autobus) et autres moyens de transport publics (taxis) et véhicules des particuliers.
Elle est encore plus difficile à respecter sur les trottoirs, aux arrêts de bus, dans les centres commerciaux, dans les marchés et dans certaines administrations publiques, et ce aux heures d’affluence.
Aussi, la Coordination nationale, tout en invitant au renforcement des contrôles du respect de la distanciation dans les autobus, les taxis et les véhicules des particuliers, rappelle la nécessité de procéder au contrôle de ladite distanciation  sur les trottoirs, les emplacements d’arrêts de bus, les centres commerciaux, les marchés, les administrations et établissements publics accueillant les usagers des services publics.  

2. La reprise de la circulation et des activités économiques

   a/ La reprise de la circulation
La reprise intense de la circulation, avec le non-respect strict du port du masque et de la distanciation sociale, augmente le risque de propagation accélérée du coronavirus dans nos deux plus grandes ville, Brazzaville et Pointe-Noire où l’on trouve le plus de personnes contaminées (97% du total des contaminations dans le pays).
Il est à déplorer que la mise en application des mesures limitant le nombre de passagers dans les véhicules de transport en commun ait pour conséquence de généraliser le phénomène de morcèlement des trajets dit « demi-terrain ». 
La Coordination nationale appelle à une concertation entre les pouvoirs publics concernés (président de la Task Force, ministères de l’Intérieur, de la Santé et des Transports), sous l’autorité du Premier ministre, chef du gouvernement, et les syndicats des transporteurs, afin d’arriver à un équilibre compatible entre la rentabilité, l’intérêt et la santé des usagers des transports en commun.

   b/ La reprise des activités économiques
La reprise des activités économiques a été particulièrement intense, notamment dans les secteurs dits informel et formel.
Le ministère en charge du Travail a publié une circulaire le 18 mai 2020. Elle édicte les mesures de protection collective et individuelle à mettre en œuvre dans les entreprises et établissements régis par le Code du travail.
Aussi, et pour s’assurer du respect des règles ainsi édictées et éviter la propagation de la maladie, la Coordination nationale recommande l’intensification des contrôles sur les lieux de travail, afin de faire respecter le port obligatoire du masque et la distanciation sociale.
La Coordination recommande au Comité technique de riposte de renforcer la surveillance épidémiologique sur les lieux de travail ainsi qu’auprès des conducteurs et des contrôleurs des véhicules de transport en commun.

3. Le fonctionnement des administrations publiques
La Coordination nationale réitère sa recommandation aux responsables des administrations publiques de quelque niveau qu’ils soient, à savoir la nécessité de lutter contre toute promiscuité favorable à la circulation du coronavirus.
Avec le déconfinement partiel, les administrations publiques sont donc appelées de manière impérieuse à limiter les effectifs des fonctionnaires et des usagers des services publics dans les locaux de travail des administrations publiques.
Le ministère en charge de la Fonction publique est invité, par ces temps d’état d’urgence sanitaire à réorganiser le déploiement des fonctionnaires dans les locaux de travail et à réguler l’accueil des usagers des services publics.
D’autre part, il est fait obligation à toute personne accédant à ces locaux de porter le masque et de le garder tout le temps qu’elle y restera.

Invitée à son tour par le président de la République à prendre la parole, Mme Jacqueline Lydia Mikolo, ministre de la Santé, de la Population, de la Promotion de la femme et de l’Intégration de la femme au développement a, d’entrée de jeu, rappelé la situation de la pandémie au niveau mondial et au niveau africain ; elle a ensuite évoqué la situation épidémiologique de notre pays.

Au 27 mai 2020, le bilan épidémiologique au Congo fait apparaître 571 cas confirmés :
-   315 cas à Brazzaville ;
-   242 à Pointe-Noire ;
-   6 dans le Kouilou ;
-   5 dans le Pool ;
-   1 dans la Bouenza ;
-   1 dans la Cuvette ;
-   1 dans la Sangha.

On note que 391 patients sont sous traitement et que 161 personnes sont guéries. Le nombre de décès s’élève, hélas, à 19 personnes.

Poursuivant son propos, la ministre Mikolo a fait un point exhaustif sur les infrastructures rendues disponibles pour la lutte contre le coronavirus Covid-19 et sur les conditions de leur mise à niveau dans les prochaines semaines. 

Ce point concernait en premier lieu les infrastructures de prise en charge des malades, à savoir le CHU de Brazzaville, l’hôpital municipal Albert-Leyono, l’hôpital de l’Amitié sino-congolaise de Mfilou, pour Brazzaville ; l’hôpital général A. Sicé, l’hôpital général de Loandjili, le CSI de Mouissou Madeleine pour Pointe-Noire ; enfin, l’hôpital général Edith-Lucie-Bongo-Ondimba d’Oyo.

La ministre Mikolo a fait le point des capacités d’accueil des sites pour les cas de Covid-19 asymptomatiques, le complexe hôtelier de la Concorde et quelques autres sites bientôt rendus disponibles à Kintélé, pour Brazzaville.
Enfin, la ministre de la Santé et de la Population a également présenté un point complet de la situation des commandes des produits, matériels et réactifs d’ores et déjà reçus et en attente, intrants nécessaires à la lutte contre l’épidémie de Covid-19 (dépistage et traitement de la maladie).

A cet égard, la Coordination nationale a pris bonne note de l’arrivée, au début de cette semaine, des premières commandes massives de tests de dépistage du Covid-19 et de différents équipements nécessaires à la riposte.
La Coordination recommande aux pouvoirs publics d’accélérer la mise à disposition des tests qui permettront une campagne de dépistage à grande échelle, seule susceptible de permettre de renforcer l’efficacité de la riposte.
La Coordination recommande également que tout soit mis en œuvre pour que les autres commandes attendues soient acheminées au pays dans les meilleurs délais.

C’est ainsi qu’après débat, la Coordination nationale a décidé :

1. De la prorogation de l’état d’urgence sanitaire
Compte tenu de ce qui précède, la Coordination nationale suggère respectueusement au président de la République et au gouvernement d’obtenir du Parlement l’autorisation de proroger, conformément à la Constitution de la République, l’état d’urgence sanitaire de vingt jours au-delà du 31 mai 2020.

2. Du maintien des autres mesures
Toutes les autres restrictions édictées par le gouvernement demeurent en vigueur.  A titre de rappel, il s’agit :
- du couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national, de 20h00 à 05h00 du matin ;
- de la fermeture de toutes les frontières sauf pour les navires, les vols cargos et autres transports des marchandises vers le Congo ou au départ du Congo ;
- de l’interdiction de rassemblement de plus de cinquante (50) personnes dans les lieux  publics et privés ;
- de la fermeture des crèches, des établissements préscolaires, scolaires, des centres d’alphabétisation, des collèges, des lycées et des universités publics et privés, à l’exception des classes d’examen (CM2, 3ème et Terminale) ;
- de la fermeture des campus universitaires et des internats ;
- de la fermeture des bars-dancing, boîtes de nuit et tous les autres établissements de distraction collective ;
- de la fermeture des hôtels à l’exception de ceux réquisitionnés par les ministères en charge du tourisme et de la santé ;
- de la fermeture des lieux de culte ;
- de l’interdiction des rencontres sportives et des spectacles ;
- de la limitation à cinquante (50) maximum, le nombre des personnes, participant à une veillée mortuaire ou à un enterrement, à condition de respecter strictement toutes les mesures de protection ;
- de la célébration, dans la plus stricte intimité, de tous les événements familiaux, dans le respect de toutes les mesures de protection individuelle ;
- des contrôles sanitaire et de la force publique à l’entrée et à la sortie de Brazzaville et de  Pointe-Noire ainsi que des villes frontalières.

3. De l’édiction de mesures spécifiques.
- de la mise à disposition prioritaire et urgente des masques fabriqués à l’initiative de l’Etat, aux enseignants et élèves des classes d’examen dont la reprise des cours est fixée au mardi 2 juin 2020 ; à cet égard, la Coordination nationale lance un appel aux parents en mesure de le faire, de remettre un masque à leurs enfants scolarisés concernés par la mesure de reprise des cours.
- d’une mesure dérogatoire en faveur des entreprises chargées par les pouvoirs publics de la résolution du problème des infrastructures en zone urbaine, leur permettant d’assurer les réhabilitations rendues strictement nécessaires au-delà des heures de couvre-feu ; 

4. Du reconfinement de la localité de Tchimindzi (district de Tchiamba Nzassi)

Lors de la présentation du plan de déconfinement progressif et par paliers le 16 mai dernier, M. Clément Mouamba, Premier ministre, chef du gouvernement, avait annoncé qu’en cas de flambée épidémique nationale ou localisée, les pouvoirs publics pourraient être amenés à procéder à un reconfinement national ou localisé.
Il apparait que les données épidémiologiques en possession de la Coordination nationale indiquent l’existence d’un foyer d’infection spécifique localisé dans la localité de Tchimindzi, dans le district de Tchiamba Nzassi, lui-même situé dans le département de Pointe-Noire.

Aussi, la Coordination nationale demande aux autorités compétentes de procéder au confinement total de la localité susmentionnée, selon des modalités à déterminer, et ce dans les délais les plus brefs.

                                                                          Fait à Brazzaville, le 28 mai 2020
                                                      

Pour la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19
Le ministre de la Communication et des Médias, Porte-Parole du gouvernement 

La rédaction

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