Assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana : la FBCP insiste sur la thèse d’un crime d’Etat

Lundi 17 Août 2020 - 17:43

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Pour l'ONG qui demande la réouverture du procès tenue à Kinshasa et exige une enquête internationale, les commanditaires et leurs complices doivent répondre devant la justice.

 

Dans son rapport publié le 17 août, après la commémoration le 1er juin des dix ans du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, la Fondation Bill-Clinton pour la paix (FBCP), qui dit avoir mené des enquêtes comme sa contribution en vue de déterminer les causes qui ont conduit à ce meurtre, dit soutenir la thèse du journaliste-cinéaste belge, Thierry Michel, d’un crime d’Etat. « Le double assassinat Chebeya et Bazana est un crime d'État et doit être considéré tel qu’en pense le journaliste cinéaste belge, Thierry Michel », a indiqué cette ONG de défense des droits de l’homme. Motivée par les résultats de ses enquêtes, cette association s’attend à ce que les commanditaires de ce meurtre et leurs complices répondent devant la justice.

Citant ces enquêtes menées il y a quelques années, la FBCP affirme, en effet, que « ce double assassinat était planifié et coordonné par l’ancien régime de Joseph Kabila ».  L’ONG affirme même avoir découvert certains policiers, sous le commandement du major Christian Ngoy Kenga-Kenga, actuellement colonel dans la police, et présentement à Lubumbashi, « qui ont participé physiquement à l’exécution sommaire de ces deux activistes des droits de l’homme ». Dans cette liste de policiers qui ont exécuté Chebeya et Bazana, la FBCP a explicitement cité le sous-lieutenant Bruno Nyembo, actuellement lieutenant et travaille dans la police de la province de Lualaba ; l’adjudant Jacques Mugabo, actuellement lieutenant, et travaille dans la police/ville de Lubumbashi; l’adjudant José Ilunga Maloba, qui travaille dans la police et est parmi les gardes rapprochés du gouverneur de la province de Lualaba, Richard Mujey Mangez, à Kolwezi. Il y a également l’adjudant Hergile Ilunga, qui  travaille dans la brigade des mines de la police/province de Lualaba, l’adjudant Sadam Kimbumba, qui travaille dans la brigade des mines de la police province de Lualaba. Mais également l’adjudant Ngoy, qui travaille dans la brigade des mines de la police province de Lualaba  adjudant de 2e classe Alain Longwa Kayeye qui, au moment des faits, en 2010, était brigadier en chef, et travaille dans la brigade des mines à Fungurume (Il a, selon cette enquête, conduit la voiture Mazda de la VSV, où se trouvait les corps de Fidèle Bazana), ainsi que le brigadier en chef Doudou, qui travaille à la brigade des mines de la police province de Lualaba.

Un double meurtre commis dans les locaux de la police

Pour la FBCP, ce double assassinat s’est effectivement déroulé le 1er juin 2010 dans les locaux de la police qui étaient sous la responsabilité du major Paul Mwilambwe. « Entre 18h et 19h, le directeur exécutif de la VSV, Floribert Chebeya, arrive à l’Inspection générale de la police sur invitation du général John Numbi, et y est accueilli par le major Christian Ngoy Kenga-Kenga, puis conduit dans le bureau du major Paul Mwilambwe, comme visiteur de marque, en attendant d’être reçu par le général John Numbi », a affirmé la FBCP, confirmant ainsi la thèse selon laquelle cet assassinat s’est effectivement passé dans les locaux de la police, comme l’attestent de nombreux témoignages. Dans ses explications des faits, cette ONG relève que Chebeya est resté quelques heures dans le bureau du major Paul Mwilambwe, et le major Christian Ngoy Kenga-Kenga est venu le récupérer, vers 19 heures, disant qu’il va l’amener à la résidence du général John Numbi. C’est en descendant les escaliers que l’activiste des droits de l’homme  a été cueilli par une section d’éléments de la police qui l’y attendait et qui l’a étouffé avec du sachet plastique.

Entre-temps, explique la FBCP, le major Paul Mwilambwe suivait la scène via sa caméra de surveillance. « Selon les informations sûres en notre possession, Fidèle Bazana était assassiné avant Chebeya dans la voiture de la VSV et aurait été enterré dans le haut plateau de Mitendi, dans la commune de Mont-Ngafula, précisément en diagonale de la parcelle du major Zelwa Katanga Djajija, à l’époque, commandant bataillon police militaire de Kinshasa, actuellement général de brigade muté à Kisangani. « La même source indique qu’il y a un adjudant au nom de Banza, l’un des proches du général Djajija, qui a aidé et facilité l’enterrement de Fidèle Bazana, dont le lieu exact est situé après la concession du général Jean de Dieu Oleko, ancien commissaire général de la police, ville de Kinshasa, actuellement en retraite », note la FBCP, qui exige la réouverture du procès ainsi qu’une enquête internationale. Et de demander l’implication de la Belgique où le major Paul Mwilambwe, témoin clé et oculaire ans cette affaire, est demandeur d’une protection internationale. L’ONG recommande aussi l’arrestation immédiate du major Christian Ngoy Kenga-Kenga et tous ses policiers actuellement dans le grand Katanga.

Lucien Dianzenza

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