50 ans d'existence : Zaïko Langa Langa renaît de ses cendres

Vendredi 9 Octobre 2020 - 15:16

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L’orchestre congolais est l'une ou sinon l'unique à avoir accueilli la plus grande panoplie des chanteurs et musiciens de ces cinq décennies. « Sève », l'album qui marque les cinquante ans d'activités confirme la place qu'il occupe dans la musique congolaise en particulier et africaine en générale. Son soigné, production de qualité, l'opus montre l'expérience acquise par le groupe au fil des années.

 

« Quand nous sommes arrivés sur la scène musicale congolaise, nous avons apporté du neuf notamment dans l'animation, avec ce qu'on appelle chez nous les « atalaku ». Ils ont inspiré beaucoup de jeunes africains comme DJ Arafat. Nous avons également mis en lumière le beat de la caisse claire avec notre batteur Meridjo Belobi qui vient de nous quitter il y a quelques semaines à Bruxelles. Auparavant, quand Tabu Ley avait introduit la batterie dans la rumba, c'était beaucoup plus le beat du rythme & blues de James Brown, de Wilson Picket », souligne Jossart Nyoka Longo sur Radio France internationale.

Les sébènes font partie de l’identité musicale du groupe. Zaïko Langa Langa est maître dans cet art grâce au talent et à l'inventivité de son guitariste Pépé Felly  Manuaku Waku, chef d'orchestre pendant plusieurs années.

Naissance et époque de gloire

C'est le 24 décembre 1969 que naquit zaiko Langa. Le « 45 tours » sortis durant les premières années de sa carrière signait déjà le retentissement du répertoire de l'orchestre auprès de la jeunesse zaïroise de l’époque. On se souvient du concert qu'il avait donné à l'improviste en 1975, également un autre tout aussi mémorable en 1987. Zaïko a toujours été considéré comme la troisième école de la rumba congolaise, après celle du Grand Kallé, de Tabu Ley Rochereau et de Franco Luambo Makiadi.

Le groupe tourne au Togo et au Ghana en 1975, on y retourne le guitariste Henri Bowane, le pionnier de la musique congolaise Wendo Kolosoy qui manageait pour que ses concitoyens enregistrent le « 33 tours » plaisirs de l'ouest à Accra. Il se produit en extrême Orient, au Japon plus précisément une décennie plus tard avec une vingtaine d'albums plus tard. « Nous sommes heureux d'avoir transmis au peuple japonais à travers nos musiques et nos danses ce message d'authenticité zaïroise. Nous voulons être ce que nous sommes et non ce que les autres veulent que nous soyons car la culture, c'est l'identité d'un peuple », écrit Jossart Nyoka Longo sur la pochette de l'irrésistible « Nippon Banzaï », un des albums référence de rumba live. Proclamé deuxième groupe afro-antillais, après Kassav, par l’émission de RFI canal tropical animée par Gilles Obringer, qui a contribué à l'apogée de la musique africaine. Des contacts sont noués, des pourparlers s'engagent qui laissent entrevoir des lendemains à une autre échelle ouvrant ainsi des portes aux succès international.

Laxité

La formation traverse sa pire crise, engendrant un relâchement qui ne dit pas son nom mais qui aura vite raison sur le groupe avec des scissions, séparations à grand fracas, des départs pour moult raisons (artistiques ou d'ego), un phénomène qui commençait à prendre racines au sein de la rumba congolaise et chez Zaïko particulièrement, ce dernier avait pris des proportions considérables.

Une médiation tentée par des autorités ministérielles des Arts et Cultures de l’époque ne produit pas l’effet escompté. L'écrivain et universitaire Manda Tchebwa a son époque dressa  dans son ouvrage Terre de la chanson un arbre généalogique de Zaïko Langa Langa pour recenser tous ceux qui ont quitté le navire originel dans le but de monter leur propre formation en emportant tous un bout de cette prestigieuse appellation afin d'en souligner l'affiliation et créer tant soit peu  une confusion préjudiciable à tous : d'où  Grand Zaïko Wawa, Zaïko Langa Langa Familia Dei, Langa Langa Stars... C'était difficile de s’y retrouver !

En début de 1988, Papa Wemba co-fondateur et Evoloko se retirent du groupe en provoquant un tollé qui sera limité par un renouvellement permanent des effectifs. Sous l'auspice de Jossart Nyoka Longo devenu depuis les années 1990 l’avatar de l'orchestre, l’histoire rappelle les nombreuses renaissances du groupe malgré les moments difficiles parcourus aux encablures de l'extension. La nature dote à chacun de nous un don, celui de Ya Jossart est l'inexplicable force surnaturelle de rester très actif et apprécié à cette époque et aujourd'hui encore...

 

Karim Yunduka

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Quelques membres de Zaiko Langa-Langa de 1970/DR Photo: Jossart N'Yoka Longo dirigeant principal du Zaïko Langa-Langa/DR

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