La phratrie des Moutouari

Samedi 21 Novembre 2020 - 12:54

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Côme ‘’ Kosmos’’, Pierre, Michel et Mickaëlle  Moutouari sont d’une même famille. Les trois premiers sont des frères. Mickaëlle est la fille de Pierre. Tous sont des musiciens. On évoquera les Moutouari en s’émerveillant des prodiges de la mère-nature. Comment, en effet, ne pas rendre grâce au Merveilleux quand des membres d’une famille font le bonheur de la société en s’illustrant dans une même activité ?

En 1965, dans le Brazzaville des spectacles, un jeune musicien de 21 ans mène la charge. Recrue de l’orchestre « Les Bantous de la capitale », le jeune Côme Moutouari surnommé Kosmos vient d’émerger. Son tube intitulé « E’bandeli ya mossala » est un coup de maître qui rafle tous les suffrages des mélomanes kinois et brazzavillois. La chanson dont le titre en français serait « Premiers pas sur le lieu du travail » frappe en plein dans le mille. Le thème de la chanson fait rêver dans le sous-prolétariat urbain, parmi les salariés comme parmi les chômeurs.  Le jeune Moutouari est immédiatement propulsé dans la cour des grands. Son patronyme passe un moment à la trappe. Les fans s’arrachent, en effet, leur idole qu’ils appellent « Kosmos ».

Après ce premier succès, le jeune artiste rassure définitivement ses admirateurs avec son second enregistrement intitulé « Makambo mibalé eboma mokili ». Ce titre qu’on peut traduire par « les deux maux de la terre » (qui sont l’argent et les femmes) emballe une nouvelle fois les deux Congo et, par-delà l’Afrique entière.  Les Bantous de la capitale, son orchestre, l’aligne au lead vocal avec des musiciens de renom comme Pamelo Mounk’a, Edo Nganga, Celio. En disgrâce devant les dirigeants politiques du pays, Jean Serge Essous a dû s’éclipser à l’anglaise vers des cieux plus cléments.

A Dakar, en 1966, et à Alger, en 1968, pendant le festival des Arts nègres et le festival panafricain de la musique, Kosmos tient la première ligne des Bantous de la capitale avec ses compères susmentionnés. Alger fut un succès pour les musiciens venus de l’Afrique centrale.

En 1972, Kosmos rompt avec son orchestre. Il n’est pas le seul à partir. Les talentueux Pamelo et Celio l’accompagnent dans la dissidence et créent le trio CePaKos, c’est-à-dire Celio-Pamelo-Kosmos. Théoriquement, le groupe était appelé à un bel avenir. Pamelo et Kosmos, notamment, étaient les deux figures emblématiques des Bantous de la capitale en termes de tour de la chanson et de composition. Les deux pouvaient, à bon endroit, revendiquer les meilleures ventes de leur ancien groupe musical. Sur le terrain pratique, les espoirs furent mitigés. Soumis à concurrence avec des jeunes aux longues dents, à une époque où la jeunesse recherchait une autre offre musicale, l’orchestration et les thèmes des chansons de CePaKos contraignirent le trio à refluer en désordre vers la maison-mère, les Bantous de la capitale. Kosmos inaugura par ce retour la série de ses différents va-et-vient entre son premier orchestre et la quête d’une vie musicale en solo. L’année 2005 a signé sa dernière rupture avec les Bantous de la capitale.  En dépit de cette instabilité, l’artiste né en 1944 au visage méditatif reste dans son élément avec constance. Avec le rappel à dieu d’Edo Nganga, Jean Serge Essous, Nino Malapet, Pamelo Moun’ka et d’autres, Kosmos Moutouari est resté le dernier grand musicien du légendaire orchestre Les Bantous de la capitale. (suite)

 

Ikkia Onday Akiera

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