Centrafrique : après cent jours au pouvoir, Catherine Samba-Panza fait face aux critiques et promet des réponses appropriées

Mercredi 7 Mai 2014 - 13:43

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L’arrivée au pouvoir, le 20 janvier dernier, de Catherine Samba-Pamza, première femme à diriger la Centrafrique, avait suscité l’espoir d’une réconciliation nationale et d’une reconstruction du pays, meurtri par les violences intercommunautaires. Cent jours plus tard, le bilan déçoit les Centrafricains : meurtres, pillages et déplacements se poursuivent et le redémarrage économique se fait attendre

De nombreuses critiques s’élèvent en Centrafrique et ailleurs sur l’inefficacité de la présidence de transition face à la persistance de l’insécurité, aux violences contre les musulmans ou celles perpétrées ces derniers temps par les Séléka contre de paisibles populations, mais aussi concernant l’absence de redémarrage économique.

Dans le discours qu’elle a prononcé le 6 mai devant le Conseil national de transition (Parlement de transition) à l’occasion de ses cent jours au pouvoir, Catherine Samba-Panza n’a pas cherché à défendre un bilan jugé négatif. Elle a pris acte de tous les reproches faits à son endroit et à l’équipe gouvernementale.

Reconnaissant que la Centrafrique était effectivement confrontée à une situation sécuritaire préoccupante, à la prolifération des armes, au risque de partition, à la non-reprise économique, à la poursuite des trafics, la présidente a déclaré : « Sur l’ensemble de ces critiques, des réponses appropriées seront apportées, je vous l’assure. » Elle a promis un remaniement du cabinet présidentiel et de l’exécutif pour qu’il soit « plus inclusif et plus représentatif ».

Sur le plan sécuritaire, les observateurs avancent que la force de l’Union européenne en Centrafrique, opérationnelle depuis le 30 avril, aura du mal à changer la donne là même où la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous mandat de l’Union africaine (Misca) et l’opération militaire française Sangaris ont peiné à ramener la paix. Composée actuellement d’environ 150 hommes, l’Eufor-RCA, qui doit atteindre les 800 soldats à terme, est chargée de sécuriser l’aéroport de Bangui et deux autres quartiers de la capitale durant les six mois que durera son mandat. Le relais de la force internationale en poste à travers le pays sera assuré par 12 000 Casques bleus de l’ONU, dont le déploiement ne devrait pas intervenir avant septembre.

Selon des sources concordantes, la population est toujours sous pression en Centrafrique d’autant que la situation demeure complexe et varie selon les régions et les localités. Des milliers de personnes vivent encore retranchées dans des lieux de culte ou dans certains quartiers totalement enclavés, notamment à Bangui et à Boda.

Le 5 mai dernier, la force française est parvenue à stopper un groupe d’une quarantaine de miliciens, identifiés comme des Séléka, qui pourrait avoir attaqué l’hôpital de Médecins sans frontières dans la ville de Boguila le 26 avril, tuant 16 personnes, dont trois personnels de l’ONG.

Rappelons que la Centrafrique a sombré dans le chaos lorsque l’ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, a pris le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 dans un pays composé à 80% de chrétiens, multipliant les exactions. Pour faire face à cette situation, des milices chrétiennes, hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans, se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils. Le conflit a fait des milliers de morts et près de 1,5 million de déplacés.

Nestor N'Gampoula