Conte : le festival de l’oralité « Retour au Mbongui » rend hommage à Ta Benoît

Lundi 26 Mai 2014 - 17:45

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Côte matève, dans le 6e arrondissement Ngoyo de Pointe-Noire, contrée située à 1 kilomètre du poste de péage, a vécu le 25 mai une ambiance particulière. La 14e édition de ce festival a été lancée dans cette bourgade pour rendre hommage à Ta Benoît, un dignitaire de la sagesse orale ancestrale disparu il y a deux mois. Un sage qui, toute sa vie, s’est évertué à transmettre à Nestor et Jorus, ses fils, l’art du conte

Ta Benoît qui a vécu les derniers jours de sa vie à Côte matève, a été un passionné du conte. Un art qu’il voulait prospère et qu’il a su léguer à ses fils, Nestor et Jorus Mabiala, lors des nuits passées à la belle étoile autour du feu au Mbongui. En 2001, les deux frères vont donc créer la compagnie de conte Africa Graffitis, dans le but de réunir les artistes de la parole autour des valeurs communes, de la promotion du dialogue et des projets fédérateurs, au-delà du cadre restrictif des spectacles vivants.

Après le deuil de 45 jours observé à la mort du vieux sage, Africa Graffitis a voulu rendre un digne hommage à celui dont la volonté était de revivifier l’art du conte en encourageant sans cesse ses fils dans cette démarche. La concession familiale a été transformée en un lieu culturel par ses rejetons. Léonard Boumbat Hybouangad, directeur départemental des arts et des lettres de Pointe-Noire, présent à l’activité, a décidé que la résidence de Ta Benoît soit désormais inscrite comme patrimoine culturel de Côte matève. Ma Pauline, au nom de la mutuelle les Braves femmes de Côte matève, qui ont soutenu la veuve Ma Thétée pendant cette dure épreuve, a soutenu l’initiative, tout comme Athanase Mizère, le chef de famille.

Sous les sons de la musique de Kaly Djatou accompagné pour la circonstance de Kayro, Jorus, Nestor, Kazis Nzenzé, Maxime Kibongui, la scène libre a été ouverte. Des artistes qui ont improvisé un bœuf auquel se sont associés les convives venus célébrer le retrait de deuil de Ma Thétée. Puis, sont montés à tour de rôle sur le podium, les conteurs Kazis, Sylvie Vieville de France, Mahi Seddik d’Algérie, conteur professionnel et auteur algérien, natif de Sidi Bel Abbès qui va présenter des contes puisés dans le patrimoine oral algérien et particulièrement celui du grand Sud. Déterminé depuis quelque temps à promouvoir et à revivifier la tradition orale disparue des Goual (conteurs), il a monté avec le conteur congolais Jorus Mabiala, un spectacle commun, soit une série de contes que les deux artistes avaient déjà présentée à Alger et à Marseille. Mahi doit l’art du conte à sa mère tandis que Jorus l’a hérité de son père. « Les nuits du conte en Afrique » est le nom du spectacle qui sera joué dans le cadre de la célébration des 50 ans de coopération Congo-Algérie.

De nombreuses autres activités sont prévues pendant les deux semaines du festival à l’Inspection de la jeunesse de Tié Tié, au Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard, chez Charly à Mpaka Patra, à Ceragon, à Central Bar, sans oublier les ateliers et les séances de papotage (discussion entre l’artiste et le public) ainsi que les séances quotidiennes de conte dans les établissements scolaires de la ville.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Mahi, Kayro, Kaly Djatou, Nestor et Jorus improvisent un bœuf. Crédit photo"Adiac"