Interview. Brel Aldrich Mayouma : « La poésie m'est parue comme un hymne d’espérance pour nos regards peureux et un message d’espérance sur nos chemins pierreux »

Vendredi 14 Octobre 2022 - 12:46

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Étudiant en théologie au grand séminaire cardinal Emile-Biayenda de Brazzaville, Brel Aldrich Mayouma nous embarque dans un « Voyage en berceau du silence », avec son premier ouvrage paru aux éditions Muse. De ce recueil de poésie atypique, l’auteur dévoile les motivations et le message de fond.  Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir écrivain ?

Brel Chadmard Aldrich Mayouma (B.C.A.M.) : Devenir écrivain est avant tout une passion que je caresse depuis mon adolescence. Mes lectures assidues d’œuvres littéraires ont progressivement fait jaillir le désir de pénétrer les arcanes de l’univers imaginaire et de là, tenter de devenir architecte des mots.  Loin d’être évasif dans la société, à bien des égards, est aussi un atout majeur dans la construction de mon être écrivain. En effet, la société m’offre toujours la matière brute que je dois polir. Ainsi, les lectures et le vécu quotidien continuent à me rendre artisan des mots. Je dois aussi avouer que mes professeurs de lettres au lycée m’ont également stimulé à vouloir dire des choses au moyen de l’écriture.

L.D.B.C. : On dit de la poésie que c’est un genre difficile. Pourquoi as-tu commencé par ce genre littéraire ?

B.C.A.M. : La poésie exige une certaine minutie et au poète d’être méticuleux dans ce qu’il produit. La poésie est surtout ce champ dans lequel on se laisse émouvoir et mouvoir et où le rêve a plus sa place et se transcrit grâce à la conjugaison des mots.  Dit autrement, en poésie l’émotion est à son comble. On chante la beauté du monde, on magnifie l’espoir d’un monde autre que celui des injustices et des antivaleurs ; on continue à rendre présents les êtres chers qui ne sont plus en ce bas monde, etc., car, on peut souligner et s’interroger avec Marcel Perrier : « Les souffrances physiques sont à chaque pas… Comment ne pas s’en émouvoir quand on rêve autre chose pour les autres et pour soi ? Comment ne pas voir aussi dans ces situations douloureuses, tant de sentiments profonds et tant de choix généreux ? » Bref, en poésie, et selon les mots toujours de Marcel Perrier « tristesse et nostalgie, peine et révolte, espérance et admiration » ne cesseront de nous émouvoir.  Elle m’est donc parue comme un hymne d’espérance pour nos regards peureux et un message d’espérance sur nos chemins pierreux.  Dans cette dynamique, l’écriture en général et la poésie en particulier est l’expression de la vie. On n’écrit pas pour écrire, on écrit parce qu’on veut exprimer la vie, la véritable. Et le poète, à mon sens, a donc cette lourde responsabilité de donner vie, c’est-à-dire de célébrer la vie dans la poésie et la poésie dans la vie.

L.D.B.C. : « Voyage en berceau du silence », quel est le sens de ce titre et quel est le message de fond de ce recueil ?

B.C.A.M. : Le «Voyage en berceau du silence » est à saisir dans un langage purement métaphorique. En effet, lorsque nous naissons, l’on nous met dans un berceau dans lequel nous poussons des cris de joie, de peines, et nos pleurs puérils aussi s’y font. En revanche, à notre trépas, nous reposons dans un berceau non bruyant, plutôt du silence.  Devenu objet inanimé, on se terre dans le mutisme absolu et ce sont les autres qui vont verser des larmes mêlées aux pleurs de notre absence physique. Ces pleurs cessent à mesure que le temps s’effeuille. Pourtant, on continue à être présent dans les cœurs. La mort fait toujours peur. Savoir qu’un jour, on effectuera ce voyage en berceau du silence, cela donne encore plus de peines car on veut toujours profiter des délices de la vie. Mais cette peste funeste qui taraude nos esprits ne tue pas l’amour. C’est finalement l’amour qui nous inspire que l’envers de la mort, c’est la vie et nos morts ne sont pas morts.  Pour mieux saisir la quintessence de ce recueil, je laisse la possibilité à tous et toutes de le savourer sans modération et surtout à en faire un chant anamnestique.

L.D.B.C. : Cet ouvrage est-il un écrit surréaliste ?

B.C.A.M. : Comme je viens de le dire, la poésie est l’expression et l’exaltation de la vie. Elle nous pousse à sortir de notre moi, à s’évader des chaînes des évidences et à contempler l’esthétique transcendantale pour mieux voir la vie autrement. La peur du «Voyage en berceau du silence »  ne doit pas nous empêcher à entonner le chant de l’espérance d’une autre vie et d’une vie autre. La mort dans la vie est plutôt un rappel à vivre le plus humainement possible et cela grâce à l’amour. Nous partirons demain ou aujourd’hui, mais c’est l’amour vécu et partagé qui nous fera exister comme c’est le cas avec ceux qui ont déjà effectué ce voyage en berceau du silence. L’amour de ceux-ci nous inspire des beaux poèmes.

Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Brel Aldrich Mayouma/Adiac

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