Portrait : Anne Boulo, une femme sur les planchesJeudi 4 Janvier 2024 - 18:30 Voyageuse, enseignante, conseillère des Français de l’étranger, passionnée de danse et de photographie, comédienne, metteur en scène, elle est tout ça à la fois. Réservée, sage, mystérieuse ? Oui aussi ! Portait express d’une « bête de scène » adoptée par Ponton la belle. Anna Boulo est née à la Rochelle, ville côtière du Sud-Ouest de la France. Après cela ? ça bouge ; c’est même un road-movie ! On la retrouve en région Champagne, quelques années après en Bretagne, puis à Exeter en Angleterre, à Brno en République tchèque, puis de retour à Rennes et ensuite à Sézanne dans la Marne, en Autriche à Vienne, à Hanoï au Vietnam et depuis trois années à ... Pointe-Noire ! Il y a dans les bagages une maîtrise d’histoire, un mari fidèle, trois enfants nés de tous ces voyages, une passion pour le théâtre, une ouverture sur le monde. Au fil des études et des voyages, Anne est devenue professeur des écoles et, après neuf années passées au Vietnam, elle et sa famille ont à décider dans quel coin du globe elles poseront leurs valises. Cela se joue à rien, cela aurait pu être l’Allemagne, cela aurait pu être la République Dominicaine, cela sera une autre république, celle du Congo. « A Saint Domingue, contrairement à Jérôme, mon mari, je n’étais pas certaine d’y avoir un emploi. L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger nous a alors proposé Pointe-Noire. A part trois semaines de vacances au Cameroun, je ne connaissais pas l’Afrique, nous n’y avions jamais habité et nous n’avions que 48 heures pour accepter ce grand saut en terre inconnue, avant que les postes soient ouverts à d’autres prétendants », lâche l’éternelle voyageuse. Il y a dans ce choix hâtif la volonté de rompre avec la capitale du Vietnam, véritable mégapole en quête d’oxygène: « Tam biet » Hanoï et ses gratte-ciels, « Mboté » Ponton la belle et sa Côte sauvage ! Atterrissage en 2020 à l’aéroport international A. A. Néto. « A mon arrivée, le plus étonnant aura été sans doute l’environnement architectural, l’état des infrastructures routières », concède Anne. La route, elle aimerait pourtant la prendre plus souvent, dit-elle, voir un peu plus du pays. « Je n’ai pas eu encore le temps de voyager comme j’aimerai dans les profondeurs du Congo. Mon plus joli souvenir ? Sans doute celui de la réserve naturelle de Léfini, de la beauté de ses paysages et de l’émouvant spectacle offert par les animaux sauvages », affirme-t-elle. A son compteur kilométrique, il faut y ajouter les kilomètres qui ont défilé dans le Mayombe jusqu’à Dolisie, capitale de l’or vert, ou ceux encore traversant les champs de cannes à la sucrerie de Nkayi, dans la Bouenza, où Anne visite la Saris, berceau de la Princesse Tatie. Sans oublier Brazzaville, où elle aime se rendre régulièrement. Enseignante en classe primaire au lycée Charlemagne sur l’avenue de Bolobo, Anne Boulo est également conseillère des Français de l’étranger depuis deux années, un rôle d’élue locale qui lui tient à cœur. Dans son cœur ? Pas besoin de fouiller au plus profond : le théâtre ! Depuis sa jeunesse ! « En réalité, ça a commencé par la danse et la photographie. C’est à Vienne, à une époque où je ne me voyais pas monter sur les planches en raison de ma nature réservée, que j’ai commencé le théâtre en interprétant le rôle de Madame Bœuf dans la pièce "Rhinocéros" d’Eugène Ionesco », explique-t-elle. Il est vrai qu’Anne Boulo a toute la panoplie d’une femme posée et réservée, à peine trahie par un vif rouge à lèvre qui vient souligner le sourire immuable d’un visage paisible noyé dans le noir de ses cheveux. Face à une telle sagesse d’esprit, la question se pose : « Mais quel serait donc votre côté border line, le grain de folie qui sommeille en vous ? ». Et Anne de répondre d’un grand éclat de rires, au bout de l’éclat. « Le théâtre », dit-elle pour finir ! Car, en elle, ce n’est rien qu’un feu qui couve et qui nous incendie dès que le rideau se lève ! D’ailleurs, à Hanoï, la comédienne a fondé sa propre compagnie, est devenue metteur en scène, a dirigé nombre de pièces de théâtre et de comédies musicales. Elle découvre aussi l’improvisation théâtrale et organise des matches d’impro à Bangkok puis à Hanoï et on vient même de Pékin ou de Shanghai, de Singapour ou de Phnom Penh, pour combattre sur les planches. Alors, c’était écrit, depuis trois années, Anne a créé dans la ville océane l’Atelier d’impro de Pointe-Noire où elle forme des comédiens à l’improvisation théâtrale, donnant par ailleurs des spectacles comme celui du 15 décembre dernier à l’Instititut français du Congo de Pointe-Noire. Et on en redemande.
Philippe Édouard Légendes et crédits photo :Anne boulo Notification:Non |