Chronique "Renessence" : les dix raisons pour lesquelles ce n'est pas encore le bon moment (2)Jeudi 21 Novembre 2024 - 22:15 Dans la suite des cinq bonnes raisons abordées dans le numéro précédent, nous traitons aujourd'hui la sixième, détaillée, pour laquelle il est préférable pour les adolescents drépanocytaires de viser l'investissement personnel plutôt que les joies du couple et ses misères. L'amour est une joie qui naît de la force d'un duo. Le sucré dont il regorge attire naturellement les uns et les autres, les petits et les grands, les adolescents. Aussi sucré puisse-t-il être, il a aussi son amertume, réserve aussi ses misères. Aux cinq raisons que nous avons évoquées précédemment, principalement sanitaires, s'ajoutent cinq autres, liées au besoin de miser d'abord sur son avenir, son devenir, sur soi plutôt que sur le couple qui, à cette période-là de la vie, peut prendre l'eau pour une raison ou pour une autre, aussi négligeable soit-elle. La sixième raison de penser à soi plutôt qu'au couple à l'adolescence est stratégique, voire même logique. Rares sont les histoires qui commencent sur le banc de l'école au niveau collège, lycée, pour se terminer par un mariage. La vie actuelle est faite telle que les circonstances peuvent changer très rapidement, les gens voyagent pour des études supérieures, pour une promotion ou un meilleur poste à l'étranger ou juste pour une envie de changer de cadre. Le monde est devenu encore plus petit sur la carte, il est imprudent de s'investir ou de surinvestir dans une relation alors qu'on est à l'adolescence, même pas encore au début de sa vie. Pour une personne drépanocytaire, la nécessité d'investir sur soi est d'autant plus grande que la prise en charge de la maladie est coûteuse. Si le grand amour existe, il n'en demeure pas que les hommes d'aujourd'hui, et même ceux d'hier, plus encore ceux de demain, obéissent à la raison du cerveau plutôt qu'à celle du cœur. Une femme entièrement dépendante, qui plus est, représente une charge sur le plan sanitaire dans des pays où il n'existe aucune couverture sanitaire. Cela donne matière à réfléchir à deux fois. Si pour certains hommes les questions triviales et matérielles ne constituent pas une barrière infranchissable, cela réduit conséquemment le périmètre de recherche du prétendant idéal. Pire encore, même si l'homme, non pas le jeune garçon qui prétend vous aimer, présente les atouts d'un prince aux mœurs irréprochables, à l'éthique et aux valeurs de rang de noblesse, il n'en demeure pas moins qu'être entièrement dépendante donne l'occasion d'abus, de violences, de maltraitances psychologiques voire physiques. Être en mesure de prendre soin de soi est alors une nécessité afin de ne pas constituer une charge pour la personne avec qui on veut partager sa vie. Il faudrait, par ailleurs, idéalement et nécessairement que cette personne en vous choisissant comme époux ou comme épouse, soit fière de son choix, de miser sur vos richesses invisibles à l'œil nu: vos talents, vos compétences, votre savoir, votre savoir-être, votre savoir-vivre, votre savoir-faire. C'est la formation d'une vie jamais finie qui commence initialement sur le banc de l'école. Alors, l'école n'est pas en soi un endroit où on va pour faire des rencontres, pas au collège, pas au lycée. Certes, cela peut agréer le quotidien, mais peut aussi le compliquer comme nous l'avons vu dans le numéro précédent. À l'adolescence, il faut vivre l'école pour le rôle qui est la sienne, nous former, nous outiller, ce qui est indispensable pour une personne drépanocytaire afin de travailler sa valeur personnelle qui finira à la saison adéquate de faire venir une personne avec qui cette valeur personnelle est assortie. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Illustration Notification:Non |