Déplacés de Bulengo : les besoins d’assistance toujours énormesLundi 5 Janvier 2015 - 16:00 Deux ans après avoir apporté son assistance médicale aux déplacés du camp de Bulengo dans la province du Nord-Kivu, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) compte mettre un terme à sa présence dans ce site parce que la phase d’urgence aiguë est révolue et que les conditions sanitaires se sont améliorées dans ledit site. MSF fait savoir qu' au-delà des besoins médicaux, les populations qui se sont réfugiées à Bulengo et dans les autres camps autour de Goma restent extrêmement vulnérables et les besoins d’assistance sont toujours immenses. C’est dans un contexte d’urgence grave que l’intervention de Bulengo a débuté, suite aux affrontements dans différentes parties du Nord-Kivu, principalement dans le Masisi et le Rutshuru. En deux ans de présence à Bulengo, l’équipe de MSF aura pris en charge plus de soixante-quatre mille patients, principalement pour des infections respiratoires, du paludisme et des maladies diarrhéiques. Les enfants souffrant de la malnutrition ont été pris en charge à travers le programme Nutrition de MSF. Au total, quatre cent quatre-vingts enfants ont été soignés. Les victimes de violences sexuelles n’ont pas été oubliées. Le centre de santé de MSF a pris en charge plus de deux cent trente patients victimes de violences sexuelles, et plus de deux mille huit cents accouchements ont également été effectués dont quatre cent quatre-vingt-quinze cas de césarienne. En octobre dernier, MSF a également mené une vaccination de masse dans le camp. Cette campagne de vaccination contre la rougeole avait ciblé trois mille trois cents enfants âgés de 0 à 15 ans. Aujourd’hui, les récentes évaluations montrent que l’état de santé de la population vivant sur le site de Bulengo est relativement acceptable et ne correspond plus à une urgence médicale. « Nous sommes une organisation médicale humanitaire d’urgence, et maintenant que la situation sanitaire est stabilisée à Bulengo, il est grandement temps que d’autres acteurs prennent le relais, pour que MSF puisse se concentrer sur des zones où notre présence reste fondamentale », explique la coordinatrice MSF- Goma, Bérangère Adamantidis, qui ajoute par ailleurs que les conditions de vie pour les habitants de Bulengo sont encore bien en-deçà du minimum pour leur garantir une vie digne. « Aujourd’hui encore, ces personnes doivent se battre pour leur survie. Un certain nombre d’entre elles travaillent dans les champs pour un salaire de misère. Certaines femmes sont mêmes obligées de se prostituer, et d’autres revendent du bois de chauffe ramassé aux alentours du site où elles sont souvent victimes de violences sexuelles. Ce que vivent ces populations est humainement inacceptable et il est urgent de les aider à rebâtir leur vie», s’indigne t- elle. En quittant le site de Bulengo, MSF ne l’abandonne pas totalement, il fera une passation de ses activités médicales à IMC, qui reprendra la totalité des activités de MSF sur ce site, excepté la nutrition qui sera assurée par la 8e Cépac (Communauté des églises pentecotistes en Afrique centrale). Mais en ce qui concerne les besoins non-médicaux, l’organisation insiste pour que les autorités et d’autres acteurs se mobilisent afin de garantir une assistance adéquate à ces déplacés pour qui les conditions du retour ne sont pas encore réunies. Aline Nzuzi Légendes et crédits photo :Les déplacés ont d'énormes difficultés |