Nord-Kivu : la traque des FDLR bat de l’aile

Jeudi 5 Février 2015 - 18:15

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La Monusco pose comme préalable à sa collaboration dans cette opération, le remplacement de deux officiers supérieurs récemment nommés, à savoir les généraux Sikabwe Fall et Bruno Mandevu. Ces derniers figureraient sur une liste noire  d'officiers indésirables pour leur responsabilité ou leur complicité présumée dans des graves violations des droits de l'Homme établie par la Monusco.

Lancée le 29 janvier 2015 par les Fardc pour bouter dehors les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), l’opération » Sukola semble battre de l’aile. L’offensive annoncée tambours battant contre les rebelles hutus rwandais continue de marquer le pas alors que, sur le terrain, il est fait état d’un récent massacre par des inconnus armés de plusieurs dizaines de personnes dans le village de Mayaigose-Kibidiwe, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Beni (Nord-Kivu). Il y a donc lieu de parer au plus pressé pour tenter de sauver des vies humaines en péril. Le commandement militaire des Fardc qui, actuellement, a maille à partir avec la Monusco au sujet des contours à donner à cette opération par rapport au rôle de la mission onusienne paraît bloqué.

La pression de la Monusco, qui sollicite le remplacement de deux généraux affectés à la conduite de cette opération militaire, est à la base des atermoiements qui caractérise présentement cette offensive armée en instance d’être menée contre les rebelles hutus rwandais. Les nominations du général de brigade Sikabwe Fall et du général de brigade Bruno Mandevu respectivement nommés  à la tête de la région militaire du Nord-Kivu et comme chef de l’opération « Sukola 2 » ne semblent pas être bien perçues par la Monusco. Et pour cause ? Ces deux officiers supérieurs déjà indexés par la Monusco pour leur responsabilité ou leur complicité présumée dans de graves violations des droits de l’Homme figurent sur la liste noire de la mission onusienne qui demande leur remplacement pur et simple. Or, à en croire des spécialistes, toute opération sur le terrain, surtout dans la traque des FDLR, rend la collaboration avec les deux officiers supérieurs incontournables.

Des sources dignes de foi confirment le profond malaise qui entoure les débuts de l’opération « Sukola 2 » à cause de ces exigences onusiennes. l'ultimatum aurait même été lancé aux autorités congolaises dans la foulée du dernier sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba pour que d‘ici le 23 février, les deux généraux précités soient remplacés. Faute de quoi, dit-on, les Nations unies retireront leur soutien à l'opération.

Limiter les dégâts collatéraux

Que cachent ces préalables de la Monusco lorsqu’on sait que ce sont les Fardc qui tiennent le gouvernail dans cette campagne militaire ? La question vaut son pesant d’or. Pour maints analystes, l’ONU n’apprécierait guère le fait que les Fardc ont pris les devants dans cette opération sans son soutien, du moins pour l’instant, alors qu’elle était préparée de commun accord. « La RDC n’a pas refusé l'appui de nos partenaires mais il s’agit de la traduction du devoir premier des Fardc de défendre en première ligne le territoire national et de mettre fin aux exactions, aux pillages de nos ressources naturelles et à l'insécurité orchestrés depuis des décennies dans l'Est du pays par ces rebelles rwandais », explique, pour sa part, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

Là où certains parlent d’une initiative unilatérale tout en évoquant le respect des principes universels auxquels les Fardc sont tenues de respecter, Lambert Mende a expliqué qu’il s’agit ici d’une question méthode et de stratégie. « Tout repose sur la préparation, le travail, la bonne connaissance du terrain et des forces en présence sans oublier l'adaptation aux circonstances. Dans ces opérations, en plus des dégâts collatéraux qu’il nous appartient de réduire à défaut de les éviter, le plan d'engagement doit faire l'objet d'un consensus entre les différentes troupes combattantes », explique-t-il. La hiérarchie militaire des Fardc se veut rassurant : tout sera mis en œuvre lors de cette opération pour limiter toute forme de violences excessives et particulièrement pour garantir la sécurité des populations civiles, congolaises et rwandaises riveraines des zones opérationnelles. 

Une chose est vraie, c’est que la Monusco est bien partie prenante dans cette opération « Sukola 2 », quand bien même son intervention, à ce stade, n’est pas encore déterminante. Celle-ci pourra éventuellement être ressentie notamment dans le cadre du partage de renseignements d’aide à la planification, du soutien logistique  (fourniture de rations, approvisionnement en carburant, évacuation des blessés) et même du soutien opérationnel avec des hélicoptères d’attaque, par exemple. Les prochains jours nous en diront davantage sur le type de collaboration qui sera arrêté entre les deux parties dans cette traque des rebelles hutus rwandais.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les rebelles hutus rwandais