Arrestation de Christopher Ngoy : une marche de protestation annoncée pour le 16 févrierSamedi 7 Février 2015 - 13:15 Les activistes des droits de l‘Homme menacent de tenir le gouvernement pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à leur collègue détenu par les services, envisageant même de se faire aussi prisonniers pour protester contre son arrestation. L’affaire Christopher Ngoy, cet activiste des droits de l’Homme arrêté dans la foulée des manifestations contre la loi électorale du 19 et 20 janvier dernier, continue à alimenter la chronique. Des associations œuvrant dans ce secteur des droits humains sont décidées d’aller jusqu’au bout en utilisant tous les voies de droit pour obtenir la libération de leur membre détenu au secret, selon Human Rights Watch, par l'Agence nationale de renseignements (ANR). C’est dans ce cadre qu’il faut situer la marche que comptent organiser ces structures de défense des droits humains le lundi prochain pour obtenir la libération du président de l'ONG « Synergie Congo Culture et Développement » et coordonnateur de la plate-forme « Société civile de la République démocratique du Congo ». D’après les initiateurs de cette marche voulue pacifique et non violente, les autorités compétentes seraient déjà saisies conformément à la procédure et aucun avis défavorable n’a été émis, à ce stade, pour interdire cette manifestation. Le collectif d’associations organisatrices de cette marche espère ainsi, par cette action, honorer la mémoire des chrétiens tombés sous les balles de la soldatesque mobutiste un certain 16 février 1992 alors qu’ils réclamaient plus de démocratie et de liberté. Tous les martyrs de la démocratie ayant payé de leur vie pour que triomphent les valeurs républicaines devraient trouver en cette marche un motif de consolation, un peu comme pour dire que leur combat n’aura pas été vain. Le bémol de Mende En tout cas dans les milieux des défenseurs des droits de l’homme, des appréhensions sont perceptibles quant au sort à infliger à Christopher Ngoy présenté comme le fer de lance des manifestations du 19, 20 et 21 janvier. L’expérience macabre de l’ancien directeur exécutif de la Voix des sans-voix, Floribert Chebeya, retrouvé mort en juin 2010 après s'être rendu chez le chef de la police de l'époque, est vite remontée à la surface, surtout que son lieu de détention est toujours tenu secret. Nonobstant les assurances du porte-parole du gouvernement qui a informé que Christopher Ngoy est bel et bien détenu par la police judiciaire des parquets en passe d’être déféré devant un juge, le doute persiste dans le chef de ses collègues. « On ne peut pas nous dire aujourd’hui que Christopher a été présenté à la justice sans que nous ne soyons au courant », rétorquent les défenseurs des droits humains. Cherchant à dédramatiser la situation de cet activiste des droits de l’Homme, Lambert Mende a laissé entendre, lors de son dernier point de presse, que les proches du prévenu ainsi que ses avocats le voient régulièrement. « Je ne pense pas que les associations des droits de l’Homme aient des droits particuliers à exiger d’être informées. Non. Il n’y a que sa famille et ses avocats qui ont le droit de le savoir », a-t-il lâché comme pour couper court à la polémique. Considéré comme un des instigateurs des troubles qu’avait récemment connus la ville de Kinshasa, Christopher Ngoy a été interpellé pour « incendie volontaire », « destruction méchante » (vandalisme), « atteinte à la sûreté de l'État » et incitation à la haine raciale notamment contre les personnes de race chinoise. Les prochains jours nous en diront davantage.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Christopher Ngoy Mutamba |