Congo-Italie : la confiance au coeur d'une coopération

Mercredi 25 Février 2015 - 17:53

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S’il y a un mot qui pourrait parfaitement résumer la coopération du Congo avec l’Italie, pays qui accueille le président Denis Sassou Nguesso pendant trois jours, c’est bien le mot confiance. Confiance dans un partenariat stratégique qui a su faire du pétrole, depuis les années 1960, un atout central.

Cette confiance s'exprime dans la présence au Congo du géant pétrolier ENI (Agip au départ) qui a conduit des projets qui se sont diversifiés au fil des ans. Confiance qui fait qu’aujourd’hui, au niveau institutionnel à Rome, le Congo est devenu synonyme d’espoir pour l’avenir stratégique et énergétique de l’Italie. Il ne s’agit pas d’une incantation.

Du samedi 19 au lundi 21 juillet dernier, le Premier ministre italien, Matteo Renzi, a réalisé une tournée africaine au pas de course, la première d’un officiel italien de ce niveau. Sans surprise, c’est bien le Congo que le jeune et énergique Premier ministre a mis sur sa ligne de parcours après le Mozambique et avant l’Angola. Grâce aux accords signés à Maputo, à Brazzaville et à Luanda, le PIB italien s’améliorera d’un point dans les mille prochains jours, avait alors dit M. Renzi à son retour à Rome.

Devant les députés de son pays, il avait tenu à préciser que ce voyage avait été tout sauf du tourisme. « Je n’étais pas en vacances, mais en voyage d’affaires pour le bien et l’avenir du pays et de l’Afrique », devait-il dire. Avec pour objectif de poser les bases durables d’une coopération nouveau style avec l’Afrique, coopération que Rome appelle désormais de ses vœux. « Un pays (comme l’Italie, Ndlr) qui a de l’ambition, bâtit des stratégies à moyen terme. Dans dix ans, l’énergie, l’agroalimentaire et l’export seront au cœur de l’Italie industrieuse » en Afrique grâce au know how de ses PME et au partenariat de respect qui s’établit.

 "Il est temps de changer les règles du jeu mondial"

« L’Afrique est une opportunité pour relancer le défi politique au niveau de nos relations internationales, en économie et dans la société civile.» Aujourd’hui, à 40 ans, Matteo Renzi reste comme hier l’homme qui bouscule tout, même au sein de la classe politique de son pays et dans les relations internationales. « Il est temps de changer les règles du jeu mondial ; l’Afrique doit avoir son membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies». En tout cas, de son premier passage en Afrique en juillet dernier, centré sur l’économie, Matteo Renzi a su tirer une conclusion des plus positives.

Le courant est visiblement passé avec le président Denis Sassou N'Guesso. Il continue de passer aujourd’hui à travers des échanges de plus en plus importants en volume et en qualité. En décembre dernier, une délégation de haut-niveau conduite par le ministre Jean-Jacques Bouya de la Délégation générale aux Grands Travaux a séjourné à Rome. Il y a eu d’importants contacts directs avec la Confindustria, le patronat italien qu’il a d’ailleurs invité à Brazzaville. Réponse assurée puisque le 26 janvier dernier, une forte délégation d’industriels italiens, conduite par le Vice-ministre du Développement économique, Carlo Calenda, foulait le sol de Brazzaville pour se rendre compte des opportunités concrètes qu’offre le Congo en dehors du pétrole.

Visite à Brazzaville, visite aux zones industrielles d’Oyo-Ollombo, Ouesso et Pointe-Noire : hommes d’affaires et industriels italiens semblent ne pas avoir été déçus par ce déplacement. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ce fût à cette occasion que l’idée d’un voyage du président en Italie ait pris corps. Ce ne sera pas la première venue à Rome, mais ce sera sans doute un voyage historique au plan économique, puisqu’il consolide les bases d’une coopération qui, sortant du pétrole qui reste toutefois un pivot, touche à divers domaines dans le BTP, les infrastructures, l’agro-alimentaire ou encore l’éducation.

L'Italie, 2è partenaire européen du Congo

L’Italie est engagée dans la construction de logements-modèles à Kintélé en même temps qu’elle conduit le parachèvement des lignes d’électrification Haute tension à partir de la centrale à gaz de Pointe-Noire. Le géant ENI annonce découvertes sur découvertes en offshore, au large des côtes ponténégrines, consolidant la position du Congo en tant que partenaire de poids. « Aujourd’hui, l’Italie est à la 2è place des partenaires européens du Congo. C’est l’une des économies les plus dynamiques du continent. Le pays entend accomplir des pas de géant sur la voie de son développement industriel et d’infrastructures ».

Ce partenariat gagnant-gagnant part du constat positif, à Rome sur le fait que le Congo est appelé à une voie d’avenir dans l’immédiat. « Le Congo  vient de lancer un plan économique avec l’objectif ambitieux de porter le pays au niveau d’une économie émergente d’ici à 2025. L’Italie et son système entrepreneurial peuvent être des partenaires de références dans un tel processus », assure Carlo Calenda. Il l’a expliqué à la presse de son pays, trop souvent empêtrée dans la confusion entre Congo-Kinshasa et Congo-Brazzaville. « Il est  parmi les tout premiers États africains à s’être inscrits pour une participation attendue à l’Exposition universelle de Milan », qui s’ouvre le 1er mai prochain, s’est réjoui le ministre. Les jalons sont donc posés. La concrétisation ne saurait attendre.

 

Lucien Mpama