Théâtre : le public découvre « Délices mortelles » au CFRADJeudi 19 Mars 2015 - 16:30 Ce spectacle de théâtre a eu lieu au CFRAD récemment. Dans la salle, la présence remarquée d'Ana Elisa Susana Afonso, représentante de l’UNESCO au Congo et de Stéphanie Sullivan, ambassadrice des États-Unis d’Amérique. Parmi le public, des coordonnateurs de la lutte contre le VIH/SIDA dans différents ministères, des étudiants, lycéens et des amoureux du 6eme art. Avant que ne commence le spectcale, Éric Aimé Kouizoulou, auteur et metteur en scène de la pièce, est monté au podium pour planter le décor et permettre au public de comprendre la genèse de cette pièce et la problématique qu'elle met en exergue. « Délices mortelles » est une pièce d’environ deux heures, jouée par des non-professionnels du théâtre. Mais cela n’a pas, loin s’en faut, constitué un handicap. D’ailleurs, selon les termes de l’accord entre l’UNESCO et Action Perfect’Art (APA), il était précisé que les acteurs devaient être des étudiants et/ou des lycéens. Pour APA, c’est un challenge qu’il fallait donc relever pour satisfaire aux exigences de l’Unesco, organisation pourvoyeuse des subsides ayant rendu possible la réalisation de cette activité dans laquelle l’art dramatique s’est mis au service de la lutte contre le VIH/SIDA. Contours thématiques de la pièce Cette pièce aborde tous les aspects thématiques liés à la lutte contre le VIH/Sida. De l’exhortation au dépistage volontaire à la non stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, en passant par le marketing social du préservatif et la lutte contre les superstitions, tout y est abordé, tantôt de façon comique, tantôt de manière dramatique. Il y est, par ailleurs, souligné le rôle que doit jouer la femme dans la lutte contre le VIH/SIDA. Celle-ci, Lucie, défend bien l’étiquette de combattante pour l’émancipation humaine. Elle est un des personnages de la pièce qui, avec détermination, réussit à persuader Michel (principal personnage de la pièce) à se faire dépister. Ce dernier l’assume avec un zest de sublimité. En ce mois de mars, mois de la femme, ce rôle revêt une importance capitale. En outre, le thème du combat contre les superstitions (croyance à la sorcellerie pouvant donner le Sida) trouve vraiment sa place dans cette œuvre. Dans un village planétaire caractérisé par d’importantes révolutions technologiques induisant de grandes communications multiformes, les croyances irrationnelles ont pourtant la peau dure. Pourtant, y demeurent encore de sérieuses pesanteurs culturelles auxquelles est confrontée la lutte contre le Sida car nombre de Congolais pensent que les sorciers sont capables de donner le Sida. Bref, cette pièce qui est en passe d’être éditée en France, n’est pas seulement une œuvre littéraire. C’est aussi une réflexion philosophique (cf. le vif débat entre les deux principaux personnages de la pièce) et une interrogation anthropologique ou ethnologique. Dans son mot conclusif de l’activité, la Représentante de l’Unesco au Congo, après avoir félicité ces jeunes acteurs, n’a du reste pas manqué de le souligner. En ayant appuyé la réalisation de cette activité, l’Unesco a incontestablement apporté de la valeur ajoutée à son action dans le combat contre le VIH/SIDA, notamment par les leviers éducatifs, informationnels et culturels, aux côtés des structures nationales comme le SEP/CNLS et le PNLS et des organismes internationaux tels que l’ONUSIDA et le FNUAP. Pour ces jeunes acteurs, étudiants et lycéens, qui ont aimé le texte, cette activité aura été, au bout du compte, un moment important d’acquisition ou de ré-acquisition des outils théoriques de la lutte contre le VIH/SIDA, et une école de prise de parole devant le public. Et pour le public, probablement, un temps de remise en question, car le théâtre est aussi un miroir social.
Jocelyn Francis Wabout Légendes et crédits photo :Photo : La réprésentante de l’Unesco félicitant les jeunes acteurs après le spectacle |