Le pape « consterné » par la décapitation de chrétiens éthiopiens

Mardi 21 Avril 2015 - 18:00

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L’État islamique se vante d’avoir décapité ou fusillé 29 chrétiens éthiopiens en Libye ; une horreur qui s’ajoute à une longue série.

C’est un message émouvant, où se lisent la tristesse profonde et l’incompréhension que le pape François a adressé mardi au chef de l’Eglise orthodoxe copte d’Ethiopie, le patriarche Abuna Matthias. Le Souverain pontife qui n’a cessé de s’élever contre les violences et les persécutions des chrétiens en plusieurs endroits du monde ces derniers mois, écrit  que « la nouvelle de l’énième violence perpétrée contre des innocents chrétiens en Libye, tués pour le seul fait d’être des fidèles du Christ » le remplissait « de consternation et de douleur ».

Ces exécutions entrent dans le contexte des migrations de masse de ces derniers jours, qui prennent l’Italie comme point d’entrée en Europe, avec à la clé plus de 1000 morts en quelques trois jours ce week-end. Les 29 chrétiens décapités ou fusillés en Libye étaient des migrants qui tentaient de gagner l’Europe en traversant la Méditerranée à bord de bateaux de fortune. Adressant ses condoléances et l’expression de sa solidarité à l’Eglise copte éthiopienne, le pape souligne « qu’il ne fait aucune différence que les victimes soient catholiques, coptes, orthodoxes ou protestants : leur sang est le même dans la foi au Christ ».

Le chef de l’Eglise qui a, à plusieurs reprises, réaffirmé que tuer au nom de Dieu est « une aberration », appelle la communauté internationale à sortir de l’attentisme. « Le sang de nos frères et de nos sœurs chrétiens est un témoignage qui crie pour se faire sentir de tous ceux qui savent encore distinguer entre le bien et le mal. Et ce cri doit être entendu surtout par ceux qui ont entre leurs mains le destin des peuples », a souligné le pape.

Un deuil de trois jours a été décrété en Ethiopie mardi. Le pays était d’autant plus ému que dans un quartier de la capitale, Addis-Abeba, on a reconnu parmi les victimes deux enfants du pays : Balcha Belete et son ami Eyasu Yekuneamelak qui avaient le couteau de leur bourreau sous la gorge. Ils ont identifié sur la vidéo de propagande de l’organisation de l’État islamique par des membres de leur famille. Agés d’une trentaine d’années, ils avaient discrètement quitté le quartier de Cherkos il y a deux mois.

À quelques proches, ils avaient confié leur intention de se rendre en Afrique du Sud ou en Italie pour y gagner une vie meilleure. Une majorité des migrants actuels affrontant la Mer Méditerranée provient d’Ethiopie, d’Erythrée et de pays en guerre comme la Syrie et l’Irak. Mais les migrants musulmans qui ont jeté à la mer une douzaine de leurs compagnons chrétiens la semaine dernière provenaient du Sénégal, du Mali, de Guinée et de Côte d’Ivoire. Et, il y a un mois, la marine turque a secouru en mer une quarantaine de Congolais. Comme quoi, c’est une tragédie qui touche tous les pays.

Lucien Mpama