Centrafrique : double enquête sur des présumés viols sexuels commis par des soldats français de la SangarisSamedi 2 Mai 2015 - 19:18 L’affaire a été dévoilée dans un article du quotidien britannique, The Guardian. La mission de l’ONU en RCA soupçonnée d’avoir voulu cacher l’information, a annoncé le 29 avril dernier l’ouverture d’une enquête interne. Le ministère français de la Justice a indiqué qu’une information judiciaire avait été ouverte en juillet 2014 sur le sujet à Paris. C’est un rapport de l'ONG Aids Free World, une structure qui a vocation de travailler sur les cas de viols et les abus sexuels dans les missions de maintien de la paix. L’ONG a recueilli des témoignages auprès des victimes âgées entre 8 et 11 ans, et transmis une copie de l’enquêté aux confrères du quotidien britannique The Guardian. A en croire, la directrice de l’ONG Aids Free World, Paula Donovan, une série d’entretiens discrets avec des jeunes filles, a permis à l’ONG de découvrir les cas répétés de viols sexuels commis par des soldats français de la Sangaris basés dans un site des déplacés près de l’aéroport de Bangui-M'poko. « Ces entretiens ont été menés par un agent du Haut-commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme, accompagné parfois d'un agent de l'Unicef. », a confié Paula Donovan, citée par RFI. Ces témoignages ont également permis d’identifier une dizaine de victimes. Parfois, ces sources citent des enfants très jeunes, entre huit et onze ans, mais capables de dévoiler leurs agresseurs. Ces actes auraient été commis entre décembre 2013 et mai 2014. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé que si ces faits sont avérés, ces militaires français seront sévèrement punis. Du côté des Nations unies, la transmission d’une version non éditée du rapport d’enquête par voie officieuse par un agent onusien aux autorités françaises fin juillet, a suscité de vives réactions au sein de leur communauté. Cela constitue selon les diplomates onusiens, « une violation grave du protocole », qui, prévoit la suppression de toute information susceptible de porter préjudice aux victimes, aux témoins et aux enquêteurs. « Un membre du personnel a été mis en congé administratif à plein traitement en attendant les résultats de l’enquête. Notre évaluation préliminaire est que ce comportement ne constitue pas un cas de dénonciation. », a précisé un communiqué du secrétaire général de l’ONU. Depuis le déploiement des forces internationales en RCA, plusieurs cas de bavures, des agressions sexuelles et bien d’autres dérapages, ont été dénoncés par des ONG et par des victimes elles-mêmes. Les Nations unies ont promis plusieurs fois mener des enquêtes, mais jusqu’alors aucune sanction n’a été prise contre les auteurs. Dans le cadre de cette affaire, elles se contentent de déplorer juste le manquement constaté dans la procédure.
Fiacre Kombo |