Energies en Afrique : le rapport Annan appelle à augmenter les investissements

Samedi 6 Juin 2015 - 13:56

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Un nouveau rapport intitulé « Énergie, Population, Planète : Saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique », publié par l’Africa Progress Panel de Kofi Annan incite les pays qui connaissent des problèmes de pénurie d’électricité et autres coupures intempestives comme les deux Congo et d’autres États, à augmenter les investissements énergétiques dans leurs pays respectifs. Ce qui favorisera pour le continent un triple-gain en énergie, population et sauvegarde de la planète.

L’étude souligne que les gouvernements africains, les investisseurs et les institutions financières internationales doivent augmenter de manière significative leurs investissements dans le secteur énergétique de l’Afrique afin de libérer son potentiel de superpuissance en matière de faibles émissions de carbone. Ses auteurs appellent à « multiplier par dix la production actuelle d’énergie afin de garantir à tous les Africains l’accès à l’électricité d’ici 2030 ». Cela réduirait la pauvreté et les inégalités, stimulerait la croissance et assurerait le leadership climatique qui fait crucialement défaut sur la scène internationale.

« Nous rejetons catégoriquement l’idée selon laquelle l’Afrique doit choisir entre la croissance économique et un développement à faible émission de carbone », a déclaré l’ancien secrétaire général de l’ONU et président de l’Africa Progress Panel, Kofi Annan. « L’Afrique doit utiliser tous ses atouts énergétiques à court terme, tout en construisant les fondations d’une infrastructure énergétique à faible émission de carbone et compétitive », a-t-il ajouté.

D’après le rapport, 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne alors que ce nombre ne cesse d’augmenter. Mis à part l’Afrique du Sud, qui produit à elle seule la moitié de l’électricité de toute la région, cette partie du continent africain utilise moins d’électricité que l’Espagne. Cette pénurie d’énergie diminue la croissance de la région de 2 à 4 % par an, freinant les efforts destinés à créer des emplois et à réduire la pauvreté, souligne le texte.

Le rapport parle d’une décennie de croissance et précise que malgré cela, « les écarts en production d’électricité entre l’Afrique et les autres régions s’élargissent ». Il indique que les ménages vivant avec moins de 2,50 dollars US par jour dépensent collectivement 10 milliards de dollars chaque année en produits énergétiques, tels que le charbon, le kérosène, les bougies et les torches. Sur une base unitaire, les ménages les plus pauvres d’Afrique dépensent environ 10 dollars/kWh pour l’éclairage, soit 20 fois plus que les ménages africains les plus riches. En comparaison, le coût national moyen de l’électricité est de 0,12 dollars/kWh aux États-Unis et de 0,15 dollars/kWh au Royaume-Uni.

« Il y a une défaillance considérable du marché à ce niveau. Les technologies renouvelables à bas coût permettraient de réduire le prix de l’énergie, ce qui bénéficierait à des millions de foyers pauvres, créerait des opportunités d’investissement et réduirait les émissions de carbone », note l’étude. Il encourage les dirigeants africains à entreprendre une révolution énergétique qui permettra de raccorder les populations au réseau électrique et de répondre aux besoins des consommateurs, des entreprises et des investisseurs pour une électricité abordable et fiable.

Le Rapport 2015 sur les progrès en Afrique exhorte les gouvernements africains à faire cesser la corruption. De même il les incite à rendre la gouvernance des services publics plus transparente, renforcer la réglementation et augmenter les dépenses publiques en matière d’infrastructures énergétiques.  Les gouvernements y sont aussi exhortés à rediriger les 21 milliards de dollars US dépensés en subventions pour des services publics inefficaces et pour une consommation énergétique déficitaire - qui profitent essentiellement aux riches - vers des subventions pour le raccordement au réseau électrique et des investissements dans les énergies renouvelables.

Il faut aussi noter l’appel lancé en vue du renforcement de la coopération internationale afin notamment de combler le manque de financement dans le secteur énergétique de l’Afrique, estimé à 55 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. Ce montant comprend 35 milliards de dollars d’investissements dans des centrales, la transmission et la distribution, et 20 milliards de dollars pour les coûts de l’accès universel à l’énergie.

 

 

Nestor N'Gampoula

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