Les jeunes bonobos se réconfortent entre eux comme les enfantsLundi 28 Octobre 2013 - 15:30 Selon une recherche des scientifiques américains Zanna Clay et Frans de Waal parue dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences et relayée par l’AFP, les jeunes bonobos réconfortent leurs pairs peinés par une expérience déplaisante, montrant ainsi des comportements très similaires à ceux observés chez les enfants Pour ces deux chercheurs du Yerkes National Primate Research Center à l'université Emory (Géorgie, sud-est des États-Unis), ces observations sont importantes pour l'histoire de l'évolution humaine en montrant que le même cadre socio-émotionnel fonctionne aussi pour les grands singes. L’étude a été effectuée en filmant ces primates dans un sanctuaire en RD-Congo, qui a permis une analyse de leur vie sociale quotidienne et de mesurer comment ils vivaient leurs propres émotions et réagissaient à celles des autres. Selon le constat dégagé, les bonobos « récupéraient rapidement et aisément de leurs propres bouleversements émotionnels comme le fait de perdre une bagarre ou de se faire tabasser, et ils montraient plus d'empathie pour leurs compagnons malheureux qu'ils réconfortaient physiquement en les embrassant, les prenant dans leurs bras ou en les caressant ». La manière dont les singes bonobos vivent leurs émotions permet de prédire comment ils réagissent à celles des autres. Pour Zanna Clay et Frans de Wall, cela indique une capacité à se maîtriser émotionnellement et d'éviter des débordements. Chez les enfants, une maîtrise des émotions est cruciale pour une socialisation saine, une capacité qui dépend surtout d'une relation stable entre parents et enfant. Cela explique pourquoi les orphelins humains ont très souvent le plus grand mal à se contrôler, relèvent-ils. Le même phénomène est constaté chez les bonobos. Dans le sanctuaire, il y a un grand nombre de ces singes dont la mère a été tuée par des chasseurs pour leur viande. Comparés à des bonobos élevés par leur propre mère, les primates orphelins avaient beaucoup de mal à contrôler leurs émotions, explique Zanna Clay. Elle a ainsi observé comment les orphelins prenaient un long moment à récupérer émotionnellement. « Ils étaient très perturbés et criaient pendant plusieurs minutes après s'être battus comparé à quelques secondes pour les jeunes bonobos élevés par leur mèrr », raconte la zoologiste. Le bonobo est considéré comme le grand singe le plus capable d'empathie et l'un des plus proches primates de l'humain génétiquement aussi similaire que ne l'est le chimpanzé. « Cette similarité fait de cette espèce un candidat idéal pour des comparaisons psychologiques, relève Frans de Waal. Toute similarité fondamentale entre les humains et les bonobos remonte probablement à leur ancêtre commun qui vivait il y a environ six millions d'années. » Pan paniscus, appelé bonobo, mot découlant de la déformation du nom de la ville de Bolobo (RD-Congo), est une espèce de Panines (genre Pan), membres de la famille des hominidés et de l'ordre des primates. On l'appelle aussi chimpanzé nain. Le bonobo a été décrit pour la première fois comme sous-espèce par l'anatomiste et zoologiste berlinois Ernst Schwarz (1889-1962) en 1929 grâce à une série de crânes conservés au Musée royal du Congo belge (actuellement Musée royal de l'Afrique centrale), à Tervuren en Belgique. Ensuite, c’est l’Américain Harold Jefferson Coolidge (1904-1985) qui a indiqué dans un article en 1933, après des études, que le bonobo était une espèce à part entière. Les bonobos vivent en groupes de près d’une centaine d'individus dans les forêts équatoriales de la RD-Congo entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï. Le bonobo est doté d’un potentiel intellectuel particulier. Martin Enyimo Légendes et crédits photo :Photo : Les bonobos en RDC. (© DR) |