Trafic illégal de bois à l’Est : un rapport d’experts de l’ONU incrimine les Fardc

En cours depuis près de deux ans déjà, l’offensive militaire lancée par les Fardc contre les rebelles de l’ADF/Nalu dans l’est de la RDC bat de l’aile. Jusqu’à ce jour, cette campagne militaire a du mal à produire des résultats escomptés faute d’efficacité. Aucune avancée notable sur le terrain n’a été enregistrée ces trois derniers mois nonobstant l'arrestation du chef de cette rébellion, Jamil Mukulu. C’est le constat que viennent de faire le groupe d’experts de l’ONU sur la RDC. Dans leur rapport publié tout récemment, ces experts onusiens font observer que la chaîne de commandement de ce groupe armé est restée en grande partie intacte. Les rebelles ADF continuent, comme si de rien n’était, à multiplier les attaques contre la population civile faisant près de 500 morts entre octobre 2013 et juin 2014.

Qu’est-ce qui peut justifier une telle contre-performance ? D’après les experts de l‘ONU, le trafic illégal du bois vers l’Ouganda dans lequel seraient trempés des éléments des Fardc expliquerait, en partie, le manque d'efficacité de cette offensive armée. Les militaires au front, à en croire le rapport, seraient empêtrés dans ce business au point d’oublier leur raison d’être dans  la zone de Beni. Des officiers supérieurs utiliseraient leurs unités dans l’exploitation et la vente illégale de bois notamment au marché de Kasindi, lieu de négoce considéré comme la plaque tournante du commerce de bois dans la région. C’est là où, d’après la source, sont livrés aux acquéreurs d’importantes cargaisons de planches appartenant à des officiers des Fardc. Citant deux soldats Fardc interrogés à cet effet, le rapport fait état de leur embarras à choisir entre se battre contre les ADF ou exploiter du bois dans la zone de Kamango pour leurs officiers.

Toutefois, il ressort des investigations d’experts de l’ONU que des planches souvent convoyées vers l’Ouganda le sont au profit de six officiers Fardc, sans plus de détails. Cette réalité est un secret de polichinelle, puisque connue au niveau de la haute hiérarchie de l’armée nationale comme en témoigne la dénonciation et la condamnation du trafic faites en mai dernier par le commandant de l’offensive contre les ADF. La justice militaire, qui s’est saisie du dossier et a annoncé l’ouverture d’une enquête à ce sujet, a conclu en janvier dernier à un non-lieu au grand désarroi de tous ceux qui militaient en faveur des sanctions judiciaires à l'encontre des présumés coupables.