Burundi : SOS-Torture présente un rapport accablant sur la violation des droits humains

Mardi 22 Décembre 2015 - 11:07

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Dans cette étude rendue publique lundi, l’organisation de défense des droits de l’Homme confirme la violation de ces droits notamment « la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et les exécutions sommaires perpétrées par le régime de Bujumbura.

« Une centaine de personnes ont été tuées dans la journée du 11 décembre et celle du 12 décembre 2015 principalement dans les zones de Musaga, Nyakabiga, Jabe, Cibitoke et Mutakura », relève le rapport. « Ces cas répertoriés sont des exécutions menées par les forces de sécurité de l’Etat dont la police et des militaires » précise le texte, ajoutant que ces répressions ont été opérées contre des opposants au troisième mandat du président Burundais Pierre Nkurunziza.

Les auteurs du rapport indiquent que ces attaques « sont consécutives à des attaques simultanées menées par un groupe armé qui n’a pas été identifié et qui n’a également pas revendiqué ces attaques dans 4 camps militaires ».

« L’opération de ratissage de la police les a menés dans plusieurs ménages où ils procédaient à plusieurs arrestations de jeunes hommes, souligne-t-on. Les habitants témoignent avoir vu des scènes atroces où des jeunes gens se faisaient ligoter avant d’être exécutés par balle ». Le rapport fait également état des « arrestations arbitraires à Burambi au sud du pays ».

SOS-Torture/Burundi signale que le bilan officiel présenté par le gouvernement à la mi-journée de vendredi qui fait état de 87 personnes tuées, toutes présentées comme des assaillants qui ont participé aux attaques des camps militaires, et une quarantaine de prisonniers est « loin de la réalité ». Ce bilan s’élève à 160 personnes exécutées par les forces de sécurité de l’État, affirme le rapport.

La publication de l’étude de l’ONG burundaise de défense des droits de l’Homme intervient après que Bujumbura ait récusé l’envoi d’une force de l’Union africaine. Cette mission de l’UA serait chargée d’éviter « la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays, de contribuer à la protection des populations civiles en danger » et d’aider à créer les « conditions nécessaires » à la réussite d’un dialogue inter-burundais.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui a autorisé l’envoi de cette force, forte de 5.000 hommes a donné quatre jours à Bujumbura pour accepter son déploiement. Pour ce faire, les deux chambres du Parlement burundais  se sont réunies lundi en session extraordinaire, pour débattre de l’envoi de la mission de l’organisation continentale.

A l’issue de la plénière, le Parlement a encouragé le gouvernement à résister à l’envoi des troupes de l’UA. Il a évoqué le principe de « non-ingérence d’un Etat membre dans les affaires intérieures d’un autre membre » pour s’opposer à la décision de l’espace communautaire d’y envoyer des troupes. Cette mission africaine de prévention et de protection au Burundi d’une durée de six mois renouvelables allait œuvrer pour enrayer le cycle des violences décriées par la communauté internationale.

Le Parlement a tenu à « rassurer l’Union africaine qu’il n’y a pas de génocide en préparation ou en cours » au Burundi.  Estimant que les mises en garde de la communauté internationale contre un possible génocide ne sont que « des rumeurs sans fondement », députés et sénateurs ont souligné que le « Burundi est un pays en paix ». A ce sujet, le président à la fois du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, et de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, a assuré que les violences signalées à travers le pays ne touchent que quelques quartiers isolés de Bujumbura.

Avant la réunion du Congrès, Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza a prévenu que son pays n’acceptera pas l’envoi d’une force africaine. « Si les troupes de l’UA venaient sans l’aval du gouvernement, il s’agirait alors d’une force d’invasion et d’occupation  et le gouvernement burundais se réserverait le droit d’agir en conséquence », a-t-il déclaré.

 

 

Nestor NGampoula

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