Présidentielle 2016 : L’UE s’exclut d’elle-même du processus électoralLundi 22 Février 2016 - 17:17 En décidant de ne pas envoyer d’observateurs lors de la présidentielle du 20 mars au Congo, cela retire à l’Union européenne la possibilité de juger du processus en cours, estime le gouvernement congolais. Dans une déclaration rendue publique à Bruxelles, le 19 février, le porte-parole de l’Union européenne a jugé inopportune la présence d’une mission d’observation de cette organisation au scrutin présidentiel du 20 mars prochain au Congo du fait, apprend-on, des dysfonctionnements du processus dans son ensemble. La déclaration de l’UE pointe du doigt « les réformes limitées » de la loi électorale du 23 janvier, indiquant qu’elles ne prennent pas en compte les recommandations de la mission d’observation qu’elle avait conduite en 2002. Elle parle de « l’insécurité juridique » qui pourrait, d’après elle, découler du « manque de transparence » des réformes susmentionnées. Plus loin, l’UE met en cause « le caractère démocratique, inclusif et transparent » de la future présidentielle. Les critiques de l’UE reviennent sur l’opportunité de l’anticipation de ce scrutin, le fichier électoral insuffisamment amélioré, et touchent également la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) mise en place récemment. Pour elle, la CNEI ne fait pas de place à l’opposition et à la société civile. Un autre grief, ajoute le communiqué, est que « des membres et sympathisants des partis politiques arrêtés sont toujours en attente de jugement ». Réagissant à cette déclaration, le gouvernement congolais, par la voix du ministre de la Communication et des médias, Thierry Moungalla dit marquer son étonnement et parle de procès d’intention : « Cautionner ou refuser de cautionner à l’avance une élection qui n’a pas encore eu lieu, ça me paraît un concept assez curieux. L’Union européenne est tout à fait en droit de décider de ne pas envoyer d’observateurs. » La déclaration de l’UE est intervenue vingt-quatre avant la clôture du dépôt des candidatures à cette élection pour laquelle, dix dossiers ont été reçus par la direction générale des affaires électorales qui les a transmis, ce 22 février, à la Cour constitutionnelle chargée d’en examiner la conformité. Au nombre des candidats figurent le président sortant Denis Sassou N’Guesso et plusieurs dirigeants de l’opposition comme Pascal Tsaty Mabiala, Guy-Brice Parfait Kolélas, André Okombi Salissa, Jean-Marie Michel Mokoko, Anguis Nganguia Engambé, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, Michel Mboussi Ngouari etc. « Moi ce que je note, c’est que toutes les parties en présence ont appelé leurs électeurs potentiels à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Cette révision des listes électorales donc consensuelles a abouti à l’inscription d’à peu près 70 000 à 80 000 Congolais supplémentaires. Donc je ne vois pas, dans cette observation faite depuis Bruxelles, quoi que ce soit qui puisse montrer l’existence de gonflements de listes électorales », observe Thierry Moungalla. Si la décision de l’Union européenne de ne pas envoyer d’observateurs au scrutin du 20 mars est confirmée, le Congo pourrait peut-être se contenter des délégués des organisations de la société civile au plan local et ceux des instances africaines assermentées en la matière: « Cela étant, ça lui retire aussi au passage la possibilité demain de juger de la qualité du processus qui va aboutir à l’élection du président de la République », ajoute le ministre en référence à la déclaration de l’UE. A propos des observateurs africains, plusieurs organisations sont citées comme devant apporter leur expertise lors du scrutin du 20 mars. Ce sont, entre autres, le Groupe des observateurs africains pour les élections en Afrique (GOAEA), l’Observatoire panafricain pour la démocratie (OPAD), le Club africain pour la paix, la sécurité, la démocratie et le développement (CAPSDD). Ces organes avaient envoyé une délégation conjointe lors de l’élection présidentielle du 12 juillet 2009. La Rédaction Notification:Non |