Interview : Roga-Roga : « Le concert de l’Olympia sera celui de l’unité »Vendredi 4 Mars 2016 - 17:51 L’artiste musicien Roga-Roga missile s'est produit à Pointe- Noire, à l’occasion de la Saint-Valentin. Au lendemain de cette production scénique, il s'est confié aux Dépêches de Brazzaville, dans une interview exclusive, dans laquelle il a évoqué son futur concert à l’Olympia de Paris et le comportement de l’album Oyo ekoya eya sur le marché du disque. Dépêches de Brazzaville. Tu viens de te produire à Pointe-Noire à l’occasion de la Saint-Valentin ; comment as-tu apprécié la chaleur du public ? Roga-Roga. Le public m’a bien accueilli, ce qui n’est que normal. Car en fait, le groupe Extra musica a passé plus de cinq ans sans se produire à Pointe-Noire. Il a fallu attendre le 14 février à l’occasion de la Saint-Valentin pour que nous nous produisons dans cette ville. C’était une véritable communion entre le public et son orchestre. Malgré la pluie le public était resté fixe. Les gens qui étaient bien habillés aux couleurs de la Saint-Valentin ont accepté de se mouiller pour nous. Coup de chapeau aux fanatiques de Pointe-Noire, c’était agréable. Ils ont exigé des chansons telles que La lettre au président, Congolais tika, Oyo ekoya eya… Je pense que cela fait partie de mes devoirs que de conscientiser les Congolais. Par ailleurs, je ne suis pas un artiste engagé, parce qu’un artiste engagé n’a pas de tabou, moi par contre, j’ai encore des tabous. L.D.B. Qu’est ce qui justifiait la présence de Jules Massua à Pointe-Noire ? R.R. Jules Massua et la Fondation qui porte son nom avaient fait des dons de voitures à une grande partie des artistes musiciens du groupe Extra musica, d’autres n’en n’avaient pas encore reçu. C’est pourquoi, il a profité du concert pour annoncer la venue des voitures pour eux. En fait, tout ce que veut cette Fondation, c’est de voir l’artiste briser le mythe de la voiture. L’artiste fait un métier noble, il ne doit pas se pervertir. Avec un cœur généreux, Jules Massua et sa fondation sont venus mettre un terme à ce mythe. L.D.B : Pourquoi as-tu écourté ton séjour à Pointe-Noire alors que tu avais d’autres activités ? R.R. :J’ai écourté mon séjour ponténégrin parce qu’à la veille de mon voyage, nous avions un frère qui avait fait un accident vasculocardiaque (AVC), en la personne de Ludovic Abbia. Comme il était question de l’évacuer au Maroc, vu que le cas était sérieux, un S.O.S a été lancé. D’où, j’ai été obligé d’écourter mon séjour afin de venir au chevet de mon frère Ludovic Abbia, avec les autres. L.D.B : Il semblerait que le 28 février 2016 le groupe Extra musica repartira à Pointe-Noire. Confirmez-vous ce rendez-vous? R.R.:Effectivement le 28 février nous allons nous produire à la plage de Pointe-Noire pour honorer Euloge Patrick. C’était un grand homme de la culture. Il a beaucoup œuvré pour la réussite d’Extra musica. Ce n’est que normal que nous donnons ce grand bal populaire qui finira par un pot que nous allons partager ensemble. Après Pointe-Noire, nous allons nous rendre en Guinée Equatoriale le 8 mars, puis revenir à Brazzaville pour la campagne présidentielle. Ensuite nous irons en Guinée Conakry pour soutenir tous ceux qui ont souffert de la fièvre Ebola parmi lesquels nos fans, puis enfin en Côte-d’Ivoire, avant d’envisager l’étape de l’Europe. L.D.B: La lettre au président et Congolais tika sont des chansons plus ou moins engagées ; comment est-ce que les autorités de ce pays les ont appréciées ? R.R: En tout cas, chaque fois que je rencontre une autorité, elle me dit toujours félicitation, c’est très bien ce que tu fais. Les autorités m’encouragent et disent : « Voilà enfin nous avons un artiste qui peut aujourd’hui nous prodiguer des conseils et nous dire ce que pense la rue ». C’est dire que si nous continuons à vivre dans la peur, le pays ne peut aller de l’avant, il faut toujours prodiguer des conseils. Jusque-là, aucune autorité ne m’a parlé en mal à propos de ces chansons. L.DB : Quelle est l’atmosphère actuelle entre Roga-Roga et les Congolais de la diaspora « parisiens » concernant la chanson Oyo ekoya eya ? R.R : Il y a un adage populaire qui dit : « Le mensonge empreinte l’ascenseur et la vérité vient à point par les escalades ». Pourquoi je dis ça ? Tout simplement parce que les gens de la diaspora commencent à comprendre que Roga-Roga nous prodigue des bons conseils. A titre d’exemple, j’ai un frère qui s’apprêtait à venir au pays « bras ballon », mais dès qu’il a écouté ma chanson, il a compris et m’a donné raison. Ici au Congo, nous accordons de l’importance aux Congolais qui viennent de la diaspora. Quelqu’un qui revient de la diaspora, doit impérativement revenir au pays avec un plus, et non comme mon parent qui revient du village. Ce n’est pas respectable. C’est pour cela qu’un Congolais de la diaspora lorsqu’il veut revenir au pays, doit se préparer en conséquence pour que ce mythe, le respect accordé aux « parisiens » demeurent toujours. Et pourtant c’est une évidence, mais les gens qui ne m’ont pas compris ont voulu faire leur folie. Je leur ai laissé le temps, et aujourd’hui ils ont compris. L.D.B : Il y a un bruit qui court à la cité selon lequel Roga-Roga va se produire à l’Olympia de Paris. Est-ce exact ? R.R : Le concert de l’Olympia de Paris, est un programme qui date, mais nous devons nous préparer. Parce que nous ne voulons pas amener les artistes qui vont aller dormir chez les tierces personnes et qui finissent par devenir des mendiants. Ces aventures-là, nous n’en voulons plus. Ce temps est révolu, maintenant il faut s’organiser. L’artiste quand il arrive en France, il y a un producteur, des mécènes, des tourneurs qui sont susceptibles de nous faire produire. Tout cela demande de l’organisation. Ce concert sera la fête du Congo. Il sera le concert de l’unité de tous les Congolais, parce que ça ne sert à rien de se déchirer. Tous les Congolais de la diaspora se retrouveront ce jour à travers la musique de Roga-Roga. L.D.B : Comment allez- vous vous organiser ? R.R : Nous voulons une grande organisation de ce concert. C’est pourquoi nous envisagerons de demander l’accompagnement de l’ambassade de France, de l’Union européenne, parce que l’unité nationale ne dépend pas que des politiciens, c’est aussi à nous les hommes de la culture. Souvenons-nous que Bob Marley a réuni les deux leaders de la Jamaïque qui s’entretuaient. Aux Etats-Unis d’Amérique, quand on a tué Malcom X, les blancs et les blaks (noirs) allaient se canarder, mais c’est James Bron qui a fait que les deux races puissent vivre ensemble. Il a joué un concert historique à Manhattan qui a permis à ces deux races de comprendre que nous sommes les mêmes enfants. L.D.B : Quel est le comportement de l’album Oyo ekoya eya sur le marché ? R.R : J’ai toujours dit qu’il ne faut pas lancer un album avec fracas. Oyo ekoya eya n’a pas fait du bruit à sa sortie, mais aujourd’hui les gens l’écoutent avec plaisir. Ils ont fini par comprendre que le bruit c’est le bruit, la musique c’est la musique. Pour preuve, en un mois, l’album Oyo ekoya eya est visité par plus de 142 000 personnes sur Trace tv, alors qu’il y a des albums qui sont sortis avec fracas depuis un peu plus de trois mois, mais qui ne sont qu’à moins de 500 visiteurs. Allez-y comprendre. L.D.B : La rue constate que la polémique qui semblait disparaitre pendant une période donnée reprend corps. Qu’est ce qui ne va pas entre vous ? R.R : La polémique est nécessaire dans la musique, pourvu qu’elle soit loyale. Par ailleurs si ça commence à devenir sauvage, ce n’est plus bien. Nous avons chacun sorti un album, on devrait plutôt faire du bruit dans le cadre de la politique commerciale afin de les faire écouler. Ce qui semble ne pas être le cas. Je crois que si les gens veulent faire un long chemin qu’ils évitent tout ce qui est déloyale en voulant nuire à Roga-Roga. L.D.B : Un mot pour conclure notre entretien. R.R : Je vais m’adresser particulièrement à la jeunesse. Nous abordons bientôt la période de l'élection présidentielle. La démocratie veut que chacun fasse son choix et accepte l’opinion de l’autre. Et quand tu l’as compris ainsi, ce qu’il y a lieu de faire, c’est se battre pour que ton candidat remporte le scrutin. Ce n’est pas la peine de se plonger dans la violence. Il ne faut pas que le Congo soit comparé à une République bananière. Alors que le meilleur gagne, Oyo ekoya eya. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photos 1&2 : Roga-Roga missile
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