Tensions entre l’Italie et l’EgypteLundi 11 Avril 2016 - 15:11 Rome a rappelé son ambassadeur au Caire pour consultations : l’assassinat d’un étudiant italien a jeté le froid dans les rapports entre les deux capitales. Rien ne va visiblement plus entre l’Italie et l’Egypte. Rome a décidé de rappeler, pour consultations Maurizio Massari, l’ambassadeur italien en Egypte. Les rapports entre deux pays à la coopération ancienne et assez apaisée se sont brutalement dégradés lorsque mi-février dernier, le corps sans vie de Giulio Regeni a été retrouvé au bord d’une route, près de la capitale égyptienne. L’étudiant italien avait cessé de donner des nouvelles de lui à partir du 25 janvier. Son corps portant des traces visibles de torture a tout de suite orienté les enquêteurs vers la piste de l’enlèvement. Mais par qui ? D’abord réticents, les services de sécurité égyptiens ont fini par consentir l’ouverture d’une enquête et le partage d’informations, le président al-Sissi en personne promettant la pleine coopération pour faire la lumière sur ce fait scabreux. Mais la suite des événements s’est révélée beaucoup moins limpide, aux dires des officiels italiens. Non seulement les premières thèses des enquêteurs du Caire sont allées au rythme de presqu’une version par semaine, allant du simple accident de la route à l’enlèvement par des djihadistes ou encore au crime passionnel ou crapuleux. Puis, affirme-t-on aujourd’hui à Rome, l’équipe des six limiers italiens dépêchés au Caire s’est retrouvée dans l’incapacité d’exercer son travail librement. Enfin, la semaine dernière l’Egypte a envoyé en Italie une équipe de ses propres enquêteurs, conduite par le procureur général Mostafa Suleiman. Mais deux jours de séances de travail intenses se sont révélés « de la pure perte de temps » affirme l’Italie, l’Egypte affirmant ne pas accéder à toutes les exigences italiennes pour des raisons de sécurité et de souveraineté. Même 2000 pages du dossier d’enquête amenées depuis Le Caire se sont révélées du papier sans valeur selon Rome. Cela a conduit l’Italie, toujours décidée à « ne s’arrêter que devant la manifestation de la vérité » selon les mots du premier ministre Matteo Renzi qui n’entend pas « se contenter d’une vérité de convenance », à rappeler son ambassadeur. Le diplomate est arrivé à Rome dimanche, mais les deux pays sont soucieux de ne pas aller jusqu’au clash définitif. Le ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a fait savoir que Rome allait prendre des mesures de pression « proportionnées ». Agé de 28 ans, Giulio Regeni, doctorant de l'université britannique de Cambridge, écrivait un mémoire sur les syndicats ouvriers en Egypte. Ses recherches ont-elles alarmé les services de sécurité qui l’auraient enlevé et soumis à un interrogatoire musclé ? L'Italie réclame que les coupables soient identifiés et punis, rejetant les multiples versions avancées par les enquêteurs égyptiens. Selon l'autopsie, le jeune étudiant a subi de nombreuses fractures, des coups répétés, des électrochocs sur les parties génitales et des brûlures de cigarette. Lucien Mpama Notification:Non |