Un musulman comme maire de Rome ?

Mardi 17 Mai 2016 - 14:30

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L’élection d’un maire musulman à Londres agite les esprits en occident. À Rome, la plus catholique des villes d’Europe, la presse se perd en conjectures.

C’est tout naturellement que les Italiens ont suivi les élections communales qui ont abouti à la victoire, le 6 mai dernier, de Sadiq Khan comme nouveau maire de Londres. Et comme tous les commentateurs, ils ont relevé que le nouvel édile de la capitale britannique était d’origine pakistanaise et de confession musulmane. Ces deux traits caractéristiques ont eu un grand impact dans les opinions, peut-être à Rome et en Italie plus qu’ailleurs.

La ville de Rome n’est pas seulement la capitale de l’Italie ; elle est aussi, de fait, la capitale de la religion catholique. C’est en son centre que se lovent les 44 hectares de l’Etat-Cité du Vatican, le cœur de la catholicité et la cité du pape. Le fait religieux a donc ici, plus qu’ailleurs, un retentissement que ne dément même pas une ville de plus en plus frondeuse, mais toujours attachée à « son » pape. Les Romains aiment à dire que toutes les statues de Rome finissent par être couvertes de graffitis sauf une : celle du pape Jean-Paul II, en face de la gare centrale de Termini. Un signe !

Après l’élection de Sadiq Khan, le maire musulman, la presse italienne y est donc allée de sa supputation : Rome pourrait-elle un jour avoir un maire issu de la minorité et aux origines raciales et religieuses étrangères ? La question est légitime, mais les réponses auxquelles elle a abouties sont, à l’image de la société italienne elle-même, assez partagées.

Il y a d’un côté les journaux qui se sont réjouis d’un tel avènement, signe d’une intégration réussie et indiquant que la voie de l’accueil des immigrés vaut mieux que celle de leur fermer la porte au nez. Mais il y a eu aussi les journaux et journalistes soulignant qu’une hirondelle ne faisant pas le printemps, il ne fallait pas généraliser à toute la Grande-Bretagne les résultats du vote ayant eu lieu à Londres. D’autres journaux encore ont sonné l’alarme : un musulman à la mairie, ce sont des attentats en prévision, un premier pas vers l’islamisation de l’occident chrétien !

Le comique populiste Beppe Grillo s’est fait le chantre de cette ligne de pensée proche des xénophobes de la Ligue du Nord. Dans un show récent, il a mis en garde : « un maire musulman à Rome, c’est bien, mais il faudra voir comment va exploser Downing Street » (le siège de la primature en Grande-Bretagne) ! Il y a ceux qui ont applaudi à un tel trait d’esprit ; il y a ceux qui s’en sont indignés. Et pendant ce temps le débat continue, exactement suivant la même ligne de fracture, entre partisans du droit du sol pour les enfants d’immigrés et les adversaires qui continuent de soutenir mordicus : il ne suffit pas de naître en Italie pour devenir Italien !

Lucien Mpama

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