Un nouveau général chez les jésuites

Le poste de supérieur général de la Compagnie de Jésus était ouvert depuis que son titulaire, l’Espagnol Adolfo Nicolas avait laissé entendre qu’il souhaitait se retirer pour des raisons d’âge. Cette petite entorse à la tradition jésuite qui veut qu’un « général » soit élu à vie fut concédée à cet homme de 80 ans. Restait seulement à choisir parmi les 16.740 jésuites du monde celui qui dirigerait cette très influente congrégation fondée en 1540 par l’Espagnol Ignace de Loyola et à laquelle il imprima un ordonnancement et une discipline militaires.

Le 2 octobre dernier, 215 délégués jésuites provenant de 62 pays sont donc entrés « en conclave » pour cette 36è congrégation générale qui a abouti vendredi matin à l’élection du Vénézuélien Arturo Sosa Abascal. Né à Caracas le 12 novembre 1948, le père Sosa Abascal était jusqu’ici conseiller du précédent supérieur général et délégué « pour les maisons et les œuvres interprovinciales de la compagnie de Jésus » à Rome, selon la déclinaison officielle de sa charge. Sa familiarisation avec la réalité du Vatican dont la curie des jésuites est géographiquement (et pas seulement) proche a sans doute fait pencher le choix des votants sur cet homme provenant d’un pays où pouvoir et Eglise n’entretiennent pas des rapports sereins.

D’ailleurs c’est au pape que l’élection du nouveau général a été communiquée en primeur. Le nouvel élu partage plus d’un point commun avec le Saint-Père : ils sont tous deux des jésuites, et tous deux sont des latino-américains même si plus d’une dizaine d’années d’écart les séparent en âge. Cette élection confirme résolument un basculement vers l’Amérique des zones d’influence dans l’Eglise catholique. Les hauts-prélats américains ou latino-américains commencent à y gagner en visibilité. Le cardinal hondurien Oscar Maradiaga est le plus emblématique d’entre eux, lui qui est le coordonnateur du Conseil de neufs cardinaux nommés par le pape pour le conseiller dans ses réformes (un conseil dont fait partie le cardinal Laurent Monsengwo de Kinshasa).