Couleurs de chez nous : Ce que cachent les noms de villes…

Lundi 6 Mars 2017 - 7:27

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Au Congo, notamment à Brazzaville, certaines villes ont une place importante dans l’esprit des gens. Une ville comme Lomé, par exemple, est restée longtemps célèbre parce que destination des femmes commerçantes. Des générations de Congolaises y ont effectué des voyages pour acheter des pagnes de qualité.

Lomé avait cette réputation d’être le principal marché africain pour un genre de pagne. Avec le temps, les « mamans de Lomé », comme on les avait surnommées à Brazzaville, sont devenues très influentes et on leur vouait un respect. Leur portefeuille était si lourd que nombre d’hommes courbaient l’échine devant ces femmes.

Non loin de là, c’était Cotonou. La capitale économique du Benin hanta longtemps les esprits des Congolais et, ce jusqu’il y a peu. Comme leurs mères, des jeunes dames avaient choisi Cotonou comme destination d’affaires. Chemises en lin pour femmes et hommes, ensembles de pagne pour hommes et bien d’autres types de tenues y étaient achetées. Et que dire de Bamako avec son Bazin riche ?

Au-delà de l’Afrique, ce fut d’abord Anvers. Mais cette ville de Belgique, très portée et fréquentée par des Kinoises, avait captivé les Brazzavilloises pour sa bijouterie. Porter un « Anvers » faisait classe et nombre de femmes se mobilisaient pour s’y rendre et acheter tout ce qui brille.

Depuis quelques années, les regards sont désormais tournés vers Guangzhou, une ville chinoise qui occupe la une dans les conversations entre Brazzavillois. Elle a tellement approvisionné le Congo au point où afficher un produit made in Guangzhou, c’était s’exposer à la moquerie.  « Tika makelele ! Eza nguanzou », entendait-on souvent. Traduisez : « Arrête de parler ! C’est un produit de Guangzhou ». Ceci, même si le produit était original. Juste pour nuire. En d’autres termes, Guangzhou a payé, derrière cette raillerie, la rançon de sa gloire.

Autre ville, autre destination du moment : Dubaï. Y aller est désormais le rêve des Congolais. Ici et là, on y trouvait de la cosmétique, de l’électroménager et de l’électronique. Brazzaville est passée à l’heure de Guangzhou et de Dubaï. Sans pouvoir les mentionner sur la carte, quel Brazzavillois ou quel est ce Congolais qui ne connaît pas ces noms de villes ?

Mais, cette attitude des Congolais se découvre aussi au niveau interne. Ils n’ont pas hésité à célébrer certaines de leurs localités réputées pour leur production. Le cas de Bouemba, une localité des Plateaux, arrosée par le fleuve Congo. Le village doit sa célébrité à son poisson tiré du même fleuve au point que le bénéfice à tirer de ce village fait oublier aux commerçants les difficiles conditions de voyage : route non bitumée, escarpée et boueuse par saison. Mais Bouemba s’est exporté à Brazzaville, au commencement de l’actuel avenue Monseigneur Ngassongo (ex Avenue des Chars).

Si les villes elles-mêmes sont éternelles, ou ont évolué, leurs noms dans la bouche des Congolais restent éphémères comme toute mode.

Van Francis Ntaloubi.

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