Lampedusa : ses plages, ses polémiques

Samedi 21 Décembre 2013 - 17:50

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Lieu des spectaculaires naufrages de clandestins tentant de gagner l’Europe, la petite île italienne n’en finit pas d’alimenter des débats enflammés

Les images de clandestins maltraités par des gardiens dans un centre de rétention de Lampedusa ne reflètent pas du tout la réalité de ce qui s’y fait au jour le jour. C’est la réaction indignée de Francesca Giardina, pendant longtemps médecin en charge des premiers soins des clandestins sauvés de la mort dans ce centre devenu tristement célèbre. À trente-six ans, Mme Giardina est formelle : « Je peux témoigner que du temps où je travaillais dans ce centre, les images comme celles que nous avons vues n’étaient jamais arrivées. »

« Il ne faudrait pas que l’erreur de quelques personnes puisse rendre vain l’engagement ferme de beaucoup d’autres qui ont dû faire face chaque jour à un travail souvent difficile afin d’assurer l’accueil aux milliers de réfugiés en quête d’une vie meilleure, dit-elle avec amertume. Normalement, les migrants qui arrivent sur l’île sont contrôlés par le personnel médical du centre de santé directement sur le port. Puis, au centre, ils sont visités par un médecin compétent pour éviter d'éventuelles épidémies. »

C’est cela qui serait la pratique normale. Mais début décembre, la machine a semblé ne plus obéir à ce protocole puisque sur des images diffusées par la deuxième chaîne de télévision italienne RAI, on voit des gardiens diriger un puissant jet d’un liquide sur des immigrés dénudés et exposés au regard de tous dans une sorte de cour, par temps de grand froid. L’image a été filmée à partir du téléphone portable d’un clandestin syrien détenu depuis une soixantaine de jours dans ce centre, et qui aujourd’hui dit craindre pour sa vie.

Toujours est-il que l’indignation de la classe politique italienne a été unanime. Toujours en pointe d’un combat, la battante mairesse de Lampedusa est allée à l’encontre des thèses de l’extrême droite qui affirme que la loi Bossi-Fini qui préconise des conditions sévères contre l’immigration a tout faux. « Toutes les normes et tous les instruments de ce pays ont été pensés comme si nous étions envahis. Il n’y a pas d’invasion. Les immigrés arrivent sains, c’est éventuellement nous qui les rendons malades dans les centres de rétention », a dit Giusi Nicolini parlant de la réalité de son île à des lycéens.

Pointée du doigt, la Ligue du Nord qui est à l’origine de la loi actuelle contre l’immigration clandestine, ne se donne pas pour vaincue : « Si nous n’avions pas dans ce pays la loi Bossi-Fini, ce ne sont pas les clandestins qui se noieraient à Lampedusa, c’est toute l’Italie qui serait sous les flots. » C’est le point de vue d’Emanuele Trataviera, députée membre de la Ligue du Nord qui s’oppose à ce que cette loi soit abolie.

Lucien Mpama