À Milan, on réfléchit à la ville et à l’alimentation de demainVendredi 24 Janvier 2014 - 18:07 Comment allier les impératifs de la disponibilité alimentaire et d’un urbanisme de qualité ? Quel est l’idéal de la ville du futur ? Ces questions et d’autres seront au cœur de l’Expo 2015, indique le maire de la capitale économique italienne C’est désormais l’événement dont toute l’Italie de l’humanitaire parle. L’Exposition universelle de Milan (1er mai-31 octobre 2015) s’annonce comme le rendez-vous de tout ce que la planète compte comme centres et forces de proposition pour un monde qui produit plus et mieux, nourrit ses populations sans abîmer le seul endroit de l’univers où, dans l’état actuel des connaissances, l’homme peut planter sa tente et vivre. L’Afrique ne s’y est pas trompée qui s’est inscrite en masse, annonçant des stands plus originaux les uns que les autres. Le thème choisi de cette manifestation, qui a récemment reçu l’appui officiel du Vatican, n’est d’ailleurs pas de ceux qui pouvaient laisser le continent indifférent : « Nourrir la planète, Énergie pour la vie ». La double proposition du slogan renvoie au continent africain devenu le deuxième exportateur de pétrole, mais aussi dans le groupe de tête pour l’exportation des matières fossiles et minérales énergétiques comme le gaz, le charbon, l’uranium. Mais le tout dans le paradoxe d’une Afrique d’abondance qui connaît de sévères situations de famine. Pour le maire de la capitale économique italienne, « l’Expo 2015 », comme on l’appelle ici, ne sera pas seulement une manifestation du clinquant. Avec une proportion de pays africains présents en nombre, l’Exposition universelle de Milan se situe dans la lignée d’une tradition d’initiatives milanaises ou lombardes qui ont facilité la vie à des millions de citoyens du monde. « Elle sera, a promis Giuliano Pisapia jeudi dernier, comme une synthèse des propositions concrètes qui ressortent de l’activité, de l’analyse et de la confrontation des pratiques mondiales pour mieux affronter le thème de l’urgence de la sécurité alimentaire et du développement durable. » Ancien militant de gauche passé par le volontariat, cet avocat, qui a défendu certaines des grandes figures du tiers-monde, Pisapia dit avoir inscrit à l’agenda de sa mairie pour cette exposition la question de l’accaparement des terres partout où de riches propriétaires fonciers rognent sur le périmètre vital de populations sans défense. « Rien qu’en Afrique, un tel phénomène concerne déjà des dizaines de millions d’hectares », a dit le maire en ouvrant les travaux d’un colloque intitulé « Innovations dans l’agroalimentaire, Recherches et entreprises », alors que se tient aussi dans la ville une manifestation complémentaire, le Forum social. Exposition universelle oblige : les thèmes à aborder concernent un large nombre de sujets et ceux qui en seront les animateurs viendront des quatre coins du monde. L’Expo 2015, affirme le maire, entend explorer jusqu’à la réalité urbanistique des villes de demain, tout en revoyant de fond en comble la question de la filière alimentaire : « Nous voulons aussi faire en sorte d’avoir demain une ville intelligente garantissant une meilleure qualité de vie et une meilleure compétitivité à l’échelle globale. Milan, deuxième ville agricole d’Italie avec une superficie de 2 910 hectares de terres agricoles, occupe 2 910 hectares pour ses seules 117 sociétés agricoles. C’est un défi. » Véritable VRP de la manifestation, Giuliano Pisapia souligne que l’Expo 2015, ce n’est pas « aboutir à une production agricole “kilomètre zéro” ou seulement périurbaine ; c’est surtout créer un rapport nouveau et positif entre ceux qui produisent, ceux qui distribuent et ceux qui sont chargés des rapports de régulation avec les consommateurs. C’est à cela que nous travaillons ensemble avec les entreprises et les associations du domaine. » L’Afrique vient à Milan avec un enthousiasme qui ne se dément pas. Les pays de la sous-région d’Afrique centrale ont été parmi les premiers à officialiser leur participation. À 462 jours de la tenue de l’exposition vendredi, 142 pays du monde entier ont annoncé leur adhésion, le Libéria et la Libye étant parmi ceux qui ont franchi le pas la semaine dernière. Le Congo-Brazzaville a été le 49e pays à s’inscrire et la République démocratique du Congo le 92e : c’est le signe d’un engouement certain. Angola, Gabon et Cameroun viendront eux aussi à l’Expo 2015. Lucien Mpama |