Lapo Pistelli à l’Union africaine : l’Italie ouverte à un véritable partenariat

La coopération de l’Italie avec l’Afrique date de l’avant-indépendance de la plupart des pays, comme ne cesse de le rappeler le groupe pétrolier ENI. Sous ses diverses dénominations, le géant pétrolier italien a su, premier avant tous les majors, miser sur l’Afrique pour, notamment, l’extraction du pétrole. Mais cette coopération s’est étendue au fil des années ; et elle s’est diversifiée, au point qu’aujourd’hui, c’est à Rome que l’on trouve majoritairement les pronostics les plus optimistes sur le continent.

Ainsi qu’il a été écrit dans les colonnes de ce journal, un économiste comme Romano Prodi n’a eu de cesse d’appeler les décideurs de la péninsule à tourner de nouveau le regard vers ce continent. Ses atouts sont redevenus indéniables malgré des insuffisances. Dans sa plaidoirie, Romano Prodi – qui a d’ailleurs le titre officiel de porte-parole des chefferies traditionnelles africaines – estime que l’avancée de la Chine sur cet échiquier part du constat que l’Afrique est bien une pourvoyeuse de matières premières vitales, mais pas seulement.

Mais ce n’est que depuis la fin de l’année dernière que les appels de l’ancien président de la Commission de l’Union européenne commencent à avoir concrètement de l’effet. L’Italie a lancé à Rome l’initiative Italia-Africa, un condensé de sa vision de la coopération nouvelle avec le continent. Dans la foulée, la ministre des Affaires étrangères Emma Bonino a effectué une tournée africaine dans les « pays-tremplins » de la relance. Auparavant, elle avait littéralement mis à l’eau le porte-avions Cavour, engagé dans un tour humanitaire maritime de l’Afrique.

Et, alors que s’achèvent à Addis-Abeba les travaux du Sommet de l’Union africaine (UA), l’Italie a tenu aussi à y être à la fois pour nouer et consolider des accords de partenariat (avec l’Éthiopie pour, notamment, le lancement des travaux d’une ligne ferroviaire devant arriver à Djibouti), mais aussi pour faire entendre sa voix au cœur de l’exécutif africain. C’est le vice-ministre des Affaires étrangères, Lapo Pistelli, qui a été chargé de venir dire au 24^e sommet du Conseil exécutif de l’UA ce que l’Italie entend faire ensemble avec les pays du continent pour un profit partagé.

Lapo Pistelli a eu différents contacts : avec des plénipotentiaires équato-guinéens, somaliens, éthiopiens, ivoiriens… Il leur a fait part de la disponibilité de Rome à appuyer en Afrique le secteur vital de l’agriculture, des infrastructures, de la petite et moyenne industrie, de la pêche… tout comme à apporter son aide aux missions de paix africaines dans les différents théâtres d’opération au Soudan du Sud, en Centrafrique ou en Somalie.

« L’Afrique est un sujet particulièrement cher à l’Italie, même en vue de l’exposition universelle de Milan 2015 dédiée précisément au thème du développement durable ». Avec l’Éthiopie, définie comme « véritable partenaire stratégique de l’Italie dans la Corne de l’Afrique », un accord d’aide de quelque sept millions d’euros a été signé pour aider le pays à atteindre les priorités inscrites aux Objectifs du millénaire pour le développement dans les domaines de la santé, de l’instruction ou de la fourniture électrique et la disponibilité en eau potable dans les zones rurales.