Présidentielle en RDC : l’Union africaine veille au grain

Jeudi 3 Janvier 2019 - 16:45

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Trois jours après le vote, la mission d'observation de l'organisation panafricaine s'est montrée ferme face aux principaux candidats à la magistrature suprême et à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), chargée de publier les résultats provisoires.

À l'issue d 'une rencontre, le 2 janvier,  avec les pricipaux candidats à la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), et à quelques jours de la proclamation des résultats provisoires, le chef des observateurs électoraux de l'Union africaine (UA), le Malien Dioncounda Traoré, a déclaré que « L'Afrique a les regards braqués vers vous. »

Plus tôt dans la journée, lors de sa déclaration préliminaire, l'ancien chef de l'État de la transition malienne avait indiqué que la mission d'observation électorale de l'Union africaine « souhaite fortement que les résultats qui seront proclamés soient conformes au vote du peuple congolais », insistant, après de longues heures d'échanges avec les principaux candidats à la présidentielle et la Céni: « Faites en sorte que nous ne soyons pas déçus ». Dioncounda Traoré a averti: « Nous les avons mis devant leur responsabilité ».

Les résultats provisoires de l'élection présidentielle doivent être proclamés par la Céni, au plus tard le 6 janvier, pour connaître le successeur du président Joseph Kabila, contraint de ne pas briguer un troisième mandat interdit par la Constitution. Les élections présidentielle, législatives et provinciales du 30 décembre dernier en RDC se sont déroulées dans un « climat apaisé et serein, malgré les ingérences et tous les défis organisationnels, politiques et sécuritaires », estime l'UA.

Mais « le dysfonctionnement de la machine à voter (écran tactile permettant de choisir son candidat, NDLR), la disponibilité tardive des listes électorales et des formulaires de procès verbaux de dépouillement et des résultats ont affecté le bon déroulement des opérations dans certains bureaux de vote dans les villes de Kinshasa et Kalemie », a poursuivi l'organisation.

« L'affichage des listes électorales à l'entrée des bureaux de vote n'a pas été systématique », a relevé l'UA, ajoutant que « la suppression de plusieurs bureaux de vote à Kinshasa a entraîné l'augmentation du nombre d'électeurs dans les bureaux existants. L'insuffisance de communication sur cette question a entravé la localisation des bureaux par les électeurs réaffectés. » L'UA note néanmoins que la tenue de ces élections, trois fois reportées, « constitue en soi une première grande victoire du peuple congolais ».

La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a également observé que les élections « ont été relativement bien gérées » et que « le processus électoral s'est relativement bien déroulé, permettant à la majorité du peuple congolais d'exercer son droit de vote ». Avec ses soixante-treize observateurs dans seize provinces sur vingt-six, la SADC a constaté que « 59 % des bureaux de vote » qu'elle a observés « ont ouvert à l'heure », précisant qu'« En moyenne, les autres ont ouvert avec un retard de quarante-cinq minutes à cinq heures. »

Les scrutins ont été organisés sur l'ensemble de la RDC, hormis les territoires de Beni, Butembo (est) et Yumbi (ouest), où ils ont été reportés officiellement pour des raisons sanitaires et sécuritaires. La mission d’observation électorale de la puissante Eglise catholique, qui affirme avoir déployé près de quarante mille observateurs, a fait part d’anomalies dans le déroulement du dépouillement.

Pendant ce temps, la correspondante de Radio France internationale (RFI) a été privée d’accréditation. Les autorités congolaises ont décidé de couper la réception de la radio publique française dans toute la RDC.

Lambert Mende, ministre de la Communication et médias, reproche à RFI « de proclamer les résultats, les tendances, alors qu’il n’y a que le président de la Céni qui peut les proclamer ». Pour sa part, RFI a « regretté », dans un communiqué, cette décision. La France a appelé au respect de la liberté de la presse en RDC.

« Le respect de la liberté de la presse et de l’expression est un élément clé pour garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral en cours en République démocratique du Congo », a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

 

 

 

 

Yvette Reine Nzaba

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