Environnement urbain : l’ensablement et les érosions créent des zones sinistresLundi 30 Décembre 2019 - 10:32 Les pluies qui s’abattent sur Brazzaville causent des pointes d’érosions, estimées à cent-huit en mars 2019 et de nombreuses conséquences. L’on note également l’ensablement des quartiers dont certains devenus inaccessibles et l’effondrement des habitations. A titre indicatif, sur l’avenue de la Révolution à Djiri, dans le neuvième arrondissement, de nombreuses maisons sont englouties par une érosion qui risque, si l’on n’y prend garde, de faire disparaître toute la zone du quartier Bikaroua. Dans la même zone, les pylônes de la société Energie électrique du Congo (ex-SNE) sont menacés de rupture. Plus loin, sur les rues Nganda-Faignond et Ikiemou, deux autres érosions ont encerclé des habitations. La petite piste qui y donne accès peut davantage se fissurer en cas de forte pluie. « La société Energie électrique du Congo ne facture plus les habitations situées dans ce périmètre parce que le quartier est classé zone sinistre. Cela représente un manque à gagner pour cette entreprise », a fait savoir Caroline Etou, une riveraine. A Mfilou, septième arrondissement, plusieurs habitations sont dévastées par des coulées de boue et de sable. Certains habitants ont vu leurs véhicules enfuis dans le sable sur des artères du quartier Ngambio. Située sur l’avenue Ngamaba, une station d’essence a été prise au piège. Dans ces quartiers, nombre de gens protègent leur propriété avec du sable emporté par les eaux de ruissèlement. « Il n’y a pas de canalisation, nous sommes obligés de creuser pour faciliter la circulation des eaux et d’utiliser le sable comme barrière afin d’empêcher la pénétration de l’eau dans nos parcelles », a expliqué François Ngoma. Les érosions et l’ensablement ont obligé certaines personnes d’abandonner leurs habitations et trouver refuge ailleurs. D’autres ont vu leurs maisons englouties sans y passer une seule nuit. Certains propriétaires ont été contraints de vendre leurs parcelles parfois à vil prix. Certaines habitations concernées sont bâties dans des zones de mise en défens. La loi n°21-2018 du 13 juin 2018 fixant les règles d’occupation et d’acquisition des terres et terrains, en son article 42, interdit d’habiter les zones non constructibles. « Les montagnes sablonneuses, les zones sablonneuses dont la pente est supérieure à 5%, les versants des montagnes sablonneuses, les aires protégées ; (…) les zones marécageuses, d’érosion, d’éboulement, d’affaissement, d’inondation, de sable mouvant » ne peuvent pas faire l'objet d'occupation, précise le texte. Des mesures de lutte contre le phénomène Une étude publiée en mars 2019 par le service forestier des Etats-Unis pour l’Afrique centrale comporte des mesures pour prévenir, lutter contre les érosions à Brazzaville et restaurer les sites érodés. Selon l’étude, il faut maintenir et rétablir la capacité d’infiltration des sols sableux pour mieux prévenir les érosions. Il sied donc de capitaliser sur la journée nationale de l’arbre pour encourager la plantation des potagers, des jardins à fleurs et des arbres fruitiers. Une fois la capacité d’infiltration consolidée, elle permettra de ralentir et d’enfouir les eaux de ruissellement car, dans certains cas les érosions sont provoquées par les travaux inachevés des canalisations. Ainsi, les eaux ruisselantes commencent par ronger la partie sablonneuse inachevée de la canalisation pour remonter vers la source. Par ailleurs, les travaux de drainage structurés doivent être réalisés pour acheminer les eaux de ruissèlement vers des emplacements qui n’entraîneront pas le phénomène d’érosion. Les autorités compétentes devraient aussi veiller à l’application des règlements portant sur la planification de l’utilisation des terres pour s’assurer que leur aménagement respecte les plans de gestion des eaux de ruissèlement. Au regard de l’importance des eaux souterraines comme source d’eau potable, les experts proposent de tester la qualité de l’eau afin de déterminer la probabilité de contamination par les déchets ménagers utilisés pour freiner la progression des phénomènes d’érosion. Les pouvoirs publics conscients des désastres causés prennent la mesure de l’urgence. Au niveau de l’érosion de Ngamakosso à Talangaï, dans le sixième arrondissement, les travaux ont repris. La prochaine saison sèche sera mise à profit pour faire avancer les travaux de réhabilitation des zones touchées par le phénomène. Rominique Makaya Légendes et crédits photo :Ensablement et érosion à Brazzaville Notification:Non |