Environnement : cinq sociétés polluent à grande échelle les forêts de Zoulabouth

Jeudi 6 Août 2020 - 14:50

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L’information a été donnée à la ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault, par les habitants de la localité de Zoulabouth, située à 65 kilomètres de Ouesso dans la sous-préfecture de Mokéko, département de la Sangha, au cours d’une rencontre citoyenne qui a eu lieu, le 4 août.  

La rencontre citoyenne a débuté par la présentation de la cartographie participative du terroir villageois de Zoulabouth et Aboya Makambo, à la ministre, afin qu’elle s’imprègne de la situation sur le terrain et surtout du calvaire des riverains. Une initiative louée par Arlette Soudan-Nonault, qui n’a jamais vu pareille chose partout où elle est passée déjà. Elle a salué également le nouvel éveil des populations en ce qui concerne les questions environnementales.  

A Zoulabouth, les ressources naturelles sont dégradées depuis 2016 par l’exploitation minière et forestière abusive et sauvage par la société minière Zinghoue et quatre autres, sur un vaste étendu de 52 kilomètres. La ministre qui a été informée de cette catastrophe est allée d’abord s’enquérir de la situation auprès des riverains, avant de repartir pour un constat sur le terrain. « J’ai décidé comme Saint François d’Assise de prendre le bâton de pèlerin, et de venir toucher du doigt comme Saint Thomas d’Aquin, afin de pallier ces manquements qui mettent en péril la vie de nos populations », a déclaré la ministre.  

Ces sociétés qui exploitent les ressources naturelles de jour comme de nuit, ont pollué l’eau ; les ressources halieutiques ont disparu, à cause de l’utilisation des produits chimiques employés dans l’exploitation aurifère. L’agriculture, la grande exploitation de cacao, la chasse artisanale qui était beaucoup plus encadrée, ne se font plus. Le premier site est situé à trois kilomètres du village. 

Cris de détresse des riverains

« Si vous allez sur le terrain, vous allez avoir pitié de nous. On ne peut plus boire de l’eau, parce qu’elle est abimée. Nous souffrons et sommes déjà morts. A beau mentir qui revient de loin, ces sociétés nous tuent au nom du président de la République. Ils disent que c’est le président qui les a envoyés ici. Comment savoir que ce n’est pas le président de la République ? », s’est plaint un riverain.

« Ce qu’ils nous font, c’est comme quelqu’un qui mange la viande jusqu’aux os, alors qu’il sait très bien qu’il a un chien qui mange les os. Nous ne bénéficions de rien de ces sociétés ; elles détruisent notre nature. Ça fait quand même mal que les étrangers viennent nous narguer ici au nom du chef de l’État, alors que c’est le mensonge. Merci de venir nous éclaircir toujours », a ajouté une dame.

Victimes de cette tuerie à petit feu, un autochtone a déploré également le comportement malsain des responsables de ces sociétés. « Nous, notre base c’est la forêt, mais ils nous l’ont détruite. Il n’y a plus rien. Même l’eau est détruite. Etaient-ils venus ici pour nous tuer ? Ils sont méchants. Aidez-nous. », s'est-il plaint. 

Comme ces sociétés ne respectent pas les cahiers de charge, les riverains ont demandé à la ministre de procéder à leur mise en demeure comme elle le fait partout où elle passe. Ils ont également informé la ministre que parmi ces sociétés, il y en a qui sont prêtes à partir, alors qu’elles n’ont pas réhabilités là où elles ont dégradé.

A propos, la ministre, en sa qualité de conservatrice du patrimoine naturel du Congo depuis octobre 2017, a promis de mettre de l’ordre tout en rassurant les riverains qu’aucune société ne quittera Zoulabouth si elle ne réhabilite pas les endroits qu’elle a dégradés et pollués, ceci, au travers des audits qui seront faites mais assorties des pénalités. Le préfet du département et les services déconcentrés y veilleront. Un délai d’un mois leur est donné pour se conformer. Celle qui ne le fera pas, seraient mis en demeure. « Nous ne sommes pas contre le fait que les sociétés s’installent au Congo, mais il faudrait qu’elles respectent l’étude d’impact environnemental et social », a déclaré la ministre.

S’agissant des pénalités, la ministre a annoncé qu’exceptionnellement ils vont voir comment corriger, ramener ce cahier de charge qui doit être issu du plan de gestion environnemental pour permettre également comme cela est prévu par les textes de l’état, une meilleure prise en charge de ces populations qui ont beaucoup de patience. Parce que pratiquement depuis 2016, ces exploitations se font à leur détriment et en contrepartie, ils ne gagnent rien sur le plan matériel ; malheureusement leur santé se dégrade au quotidien.

Séance de travail avec les forces vives de Ouesso

Avant de quitter Ouesso, la ministre du Tourisme et de l’environnement, a eu une séance de travail avec les autorités administratives, la force publique, les élus présents à Ouesso et les chefs de quartiers. Au cours de cette séance, la ministre a pris l’engagement de revenir dans le département de la Sangha afin de pouvoir concilier la protection de l’environnement et ces questions d’écotourisme qu’il faut porter par rapport aux orientations du gouvernement, inscrites dans le programme national de développement qui veut que le tourisme fasse partie des leviers de diversification de l’économie au même titre que l’agriculture et les industries. « Ces populations nous ont démontré qu’elles ont beaucoup de maturité et ont compris les enjeux économiques de préserver pour lever une économie saine. Il possible de faire une exploitation aurifère, de faire une exploitation forestière, tout en préservant, c’est conciliable. Je suis agréablement surprise de la maturité de ces éco citoyens du village Zoulabouth, d’avoir compris les enjeux du chef de l’État à vouloir préserver sa forêt, à vouloir préserver les courants d’eau, l’écologie, … » a déclaré la ministre.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Présentation à la ministre de la cartographie de Zoulabouth (crédit photo/ MTE) Photo 2 : Les riverains de Zoulabouth (crédit photo/ MTE) Photo 3 : Lors de la séance de travail avec les forces vives de Ouesso (crédit photo/ MTE)

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