Métallurgie : Soudeur, un métier qui intéresse aussi les femmes

Vendredi 11 Septembre 2020 - 12:18

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Soudeur, un métier de réputation masculine attire de plus en plus de jeunes filles passionnées de ferrailles dans la localité de Loutété. C’est le cas de Pitchou 28 ans et Isna 17 ans qui n’ont pas peur de se salir les mains. Casques, lunettes, bottines et gants, le métier de soudeur qui exige mobilité et finesse ne semble pas ébranler ces filles qui se donnent à cœur joie à l’ouvrage. Immersion dans l’atelier de maître Ngoma André ou six filles apprennent le métier de soudure et qui ont décidé de faire fi aux allusions misogynes proférées par leur entourage.

« Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens ! Quand une personne s’engage à se former, cela signifie qu’il a déjà choisi de réussir », lance d’emblée Vivien en admiration vis-à-vis des femmes qui font des métiers dit d’hommes. Pichou en fait partie et semble s’y plaire car à ses yeux la soudure est avant tout une passion. « Les bottes qui martèlent le sol, tandis que le métal tinte et sonne au rythme des électrodes qui soudent, l’odeur du fer qui brûle, toute cette ambiance m’enchante et j’oublie tous mes problèmes. C’est une sorte d’exécutoire ou j’évacue mon stress, mes peurs… », a expliqué la jeune fille vraisemblablement heureuse.

Mais tous les jours ne sont pas roses compte tenu des contraintes que les apprenantes rencontrent : chaleur issue du soudage, les pièces lourdes à transporter, le bruit assourdissant, la pression due à une livraison, et pour couronner le tout, les propos machistes comme ces phrases assassines « Quand une femme fait la soudure, elle perd sa féminité », a fait savoir Pitchou qui a appris avec le temps qu’il fallait compter sur soi-même. « Dans la soudure, on apprend à être autonome, responsable et minutieuse », a indiqué la jeune femme.

Isna 17 ans timide et peu bavarde est concentrée sur ce qu’elle fait. Elle ne s’interrompt que pour répondre aux questions. « Depuis fin janvier je suis dans cet atelier et l’apprentissage se passe bien. Et entre nous les filles, il n’y a pas de concurrence, celle qui maitrise bien une notion n’hésite pas à venir en aide aux autres. C’est devenu comme une grande famille », informe la jeune fille qui rêve grand puisqu’elle souhaite ouvrir d’ici la fin de sa formation un atelier pour aider non seulement les jeunes filles mais aussi les jeunes garçons qui désirent faire de la soudure leur métier.

 Isna, Pitchoune et les autres, travaillent d’arrache-pied et ne manquent pas une occasion pour faire valoir ce qu’elles ont appris. « Les gens pensent que la soudure c’est un métier d’analphabètes, mais dans la soudure il y a plusieurs opérations, le traçage, l’ajustage, la géométrie aussi. Et c’est un métier qui nécessite beaucoup de finesse et de dextérité et ce n’est pas ce qui manque à la femme », a fait remarquer Vivien qui semble s’y connaitre en matière de soudure. 

L’encadrement des jeunes filles, un véritable défi

« C’est une joie d’encadrer des jeunes filles d’autant plus qu’elles ont la volonté. Et quand elles arrivent chez moi, quel que soit leur niveau d’étude, je me donne les moyens de leur apprendre ce que je peux », a longuement expliqué Ngoma André (maitre soudeur, formateur), qui préfère de loin former les garçons.

« Je préfère former trois jeunes garçons à la place d’une jeune fille. Il faut de la patience et beaucoup de sagesse pour emmener la jeune fille à donner le meilleur d’elle-même. Mon objectif est donc de leur donner des armes afin qu’elles soient en mesure d’affronter le monde du travail », confie monsieur Ngoma qui travaille en partenariat avec les directeurs d’entreprise dans la localité afin de permettre aux nouvelles diplômées d’effectuer des stages dans les compagnies de la place. « Et quand celle-ci, après le stage, sont maintenues dans ces sociétés, cela fait ma fierté d’autant plus que c’est la quatrième promotion que je forme », a-t-il indiqué. 

Pour Léonine Niangui, directrice départementale de l’intégration de la femme au développement dans la Bouenza, « ces femmes deviennent des références dans la société, c’est pour cela qu’elles doivent prendre conscience que leur avenir en dépend. Elles doivent servir de modèle aux autres ». A cet effet, elle interpelle ces bénéficiaires à conserver jalousement ce qu’elles ont appris car cette formation va sans aucun doute changer leur parcours.

 

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 et 2: Isna et Pitchoune sur le lieu d'apprentissage

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