7e art : Jean Francis Pandzou en résidence à l’IFC

Mardi 1 Février 2022 - 13:28

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Avant la représentation du spectacle en solo intitulé le “Discours du diable” à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville et à Kinshasa (République démocratique du Congo), où il ira présenter le même spectacle au festival international de danse “Me ya be”, grâce au soutien de l’IFC, Jean Francis Pandzou est en résidence du 1er au 10 février.

Le “Discours du diable” est une véritable interpellation des dirigeants africains à travers la danse, pour revoir leurs politiques à l’endroit de la jeunesse du continent. Pour l’artiste, un discours est un discours quand l’heure est au discours. Il devient un bon discours quand il s’exécute, se réalise et se fait. Mais il devient un faux discours quand il n’est pas exécuté. D’où, il s’est posé la question de savoir combien de discours n’ont-ils pas été écoutés en Afrique? Des discours promettant une scolarisation garantie, un bon traitement sanitaire, un emploi assuré aux étudiants finalistes, mettant fin aux antivaleurs, à la corruption, prônant bonne gestion du pays, etc. Mais combien de ces discours ont-ils été réalisés ? A quelle fréquence la réalité les a écœurés ? N’est-ce pas la fréquence du diable en Afrique ? s’est-il interrogé.

 Jean Francis Pandzou pense que tout discours sans peuple est un discours mort et un peuple sans discours est un peuple sans avenir, car la vision et le devenir s’expriment dans la force du cœur du discours. Ce qui lui touche dans ce travail, c’est le théâtre des discours des hommes d’État africains qui ne cessent de causer du désespoir sans lumière d’espoir aux jeunes. En effet, en Afrique, plusieurs discours se prononcent pour plaire alors que d’autres continents se sont transformés grâce aux discours.

Les jeunes, quand ils s’interrogent de leur avenir, s’irritent et sympathisent avec le mal de la frustration. Frustration qui crée les mots de tous genres…, mots propres, mots sales, mots méchants, guerres, enfants soldats, mot traumatisme, mot refugié, mot bandit, … mots qui accouchent d’autres maux, …, orphelins, veuves, mutilés, … C’est grâce aux discours urinant les mensonges que, avec force, les mots nous frappent, nous torturent, nous infligent des souffrances … blanc, noir, rouge, tous nous avons des blessures profondes qui, de par les discours parfois propres ou malsains, ne cessent de toucher notre personnalité, nous affectent tous et nous font souffrir jusqu’à nous faire périr sans vouloir.

"Des milliers de discours en 60 ans sans réalisations"

Le “Discours du diable” englobe et dévoile au monde cette problématique du fantasme des grands qui, discours sans mot, sans honte, après une soixantaine d’années, reviennent sur les mêmes discours sans mots efficaces ni changement. « En 60 ans d’indépendance dans plusieurs pays africains, nous pouvons compter des milliers des discours mais pas de réalisations. Les mêmes mots prononcés font jaillir les mêmes maux au quotidien. Les situations ne font que s’empirer. Par ce travail de danse, j’exprime le fond de mon cœur pour dénoncer certaines injustices et éclairer les jeunes sur certains soucis à ne plus faire et revêtir de l’espoir. Le “Discours du diable” me pousse à révéler de par la danse toutes les langues venimeuses poireautées des avenirs des jeunes », a martelé Jean Francis Pandzou.

Dans le “ Discours du diable”, l'auteur exprime par les danses les venins des grands africains ainsi qu’européens qui ne cessent d’assombrir le monde et l’avenir des jeunes. Le “ Discours du diable” fait donc l’objet du miroir ou tout élu doit se mirer, s’observer et s’écouter afin de transformer et faire évoluer avec un cœur et non parler avec une tête vide et les lèvres. Il représente ce psychiatre qui, gérant un hôpital psychiatrique avec beaucoup de malades à sa charge mais ne maîtrise pas ses thérapies. Comme quoi, le devenir des malades est un désastre.

Ce qui est beau, dit-il, c’est que tout discours non exécuté quand il est rappelé devient source de conflits et arrive à faire mourir des jeunes pour certains, et la prison pour d’autres. Les jeunes en Afrique n’ont aucun droit de réfléchir ni de dire le changement sinon … Telle est son aide aux jeunes du monde par la danse.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Jean Francis Pandzou en pleine répétition / DR

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