Musique : Manacé Mavoungou ajoute son grain de sel pour faire du bon son

Jeudi 27 Octobre 2022 - 17:50

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L’enfant de Madoka rêvait d’être avocat, il est devenu « sondier », défenseur du bon son pour le spectacle vivant, plaçant haut le curseur du talent sur la voie de sa destinée.

C’est à Makola, localité située à 40 kilomètres au nord-est de Pointe-Noire, que naît le 15 décembre 1977 Manacé Mavoungou. Cette année là, à une légère poignée de kilomètres d’un vol d’oiseau, la Compagnie des potasses du Congo, qui exploite un gisement de potasse, met fin à son exploitation minière suite à une inondation qui engloutit la mine en quelques jours.  La mine deviendra le Glacier de sel de Makola, curiosité touristique où plus un seul brin d’herbe ne pousse tandis que, mine de rien, l’enfant de Makola poussera jusqu’à devenir un brillant ingénieur du son quoiqu’il rêva à son jeune âge de devenir avocat. « J’ai décroché mon Bac mais...  au décès de mon père, c’était difficile pour ma mère Clémentine de me payer des études supérieures, alors plutôt que rester à ne rien faire à la maison, j’ai tracé mon propre chemin, sans trop savoir où il me conduirait »,  dit Manacé.

Quittant le paysage lunaire du Glacier de sel, l’enfant de Makola grandira à Pointe-Noire, au quartier Matendé, se montrant très attentif aux tourne-disques. « Ah oui, mais il y avait rarement le courant, alors c’était des tourne-disques à piles.  Nous autres gamins, on n’avait pas l’argent pour acheter les piles, fallait attendre que les papas du quartier fassent tourner ça pour pouvoir écouter les Bantous de la capitale, Franco, et autres Papa Wemba. La musique a commencé comme ça, avec les vinyles à l’époque où je n’étais encore qu’en 6e au collège Les Trois glorieuses. Et moi je chantais ce que j’écoutais », raconte Manacé.  Beaucoup plus tard, il y a Serge Bouaka, ce grand du quartier qui fréquente les petits orchestres amateurs des alentours et pousse le jeune chanteur à répéter avec lui du côté de Tié-Tié. Manacé de préciser : « C’était comme un interdit, ça se faisait en cachette et à la sauvette, ça a marqué mes débuts dans la musique.  Par la suite, j’ai chanté dans Bimoko Music, le premier orchestre de cabaret à Pointe-Noire, avant d’intégrer Bana plus, l’orchestre de Max Toussaint Loemba et mon nom commence à circuler ».  

La suite est d’innombrables parties de ping pong sur un Tascam 244 et Manacé, promu ingénieur du son, explique : « Ce porta-studio à cassette n’avait que quatre pistes pour enregistrer. Le ping pong était la technique qui consistait à enregistrer, recopier, combiner les pistes pour en accroître le nombre autant que de besoin, c’était assez sportif. J’ai continué plus tard au Studio Mack Sam avec un huit pistes, c’était plus confort. Aujourd’hui c’est une autre époque, avec la musique assistée par ordinateur, c’est presque sans limite ». 

La sonorisation viendra vers 2006 quand Max Toussaint Loemba souhaite ressusciter Bana plus. Manacé est l’homme idéal pour étudier les besoins de sonorisation de l’orchestre.  Ce n’est pas encore le temps de l’Internet au Congo et c’est sur un catalogue Star Music qu’il va faire les justes choix pour monter alors la meilleure sono de la ville. « Je me suis du coup retrouvé technicien son et j’ai enchaîné, sonorisant le Festival Nsangu Ndji-Ndji, les galas du Rotary Club, des concerts à l’Institut français, etc. Le temps a fait son œuvre, je suis devenu ensuite ingé-son chez Africanews jusqu’à ce que la chaîne TV déménage en France », rembobine-t-il.  Preuve de son talent, Manacé Mavoungou est depuis plusieurs années le « sondier » en chef de l’Institut français de Pointe-Noire !

Philippe Édouard

Légendes et crédits photo : 

Manacé Mavoungou/Adiac

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