Le saviez-vous ? L’histoire de la création des quartiers Bacongo, Poto-Poto et leurs spécificités

Jeudi 12 Septembre 2024 - 22:40

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

A la création de la ville de Brazzaville par les colonisateurs français, en 1880, elle comprenait deux agglomérations qui sont Bacongo et Poto-Poto.

Pour la petite histoire, lorsque les colons français sont arrivés à Mfoa, devenu plus tard Brazzaville, ils se sont installés à Bacongo (site case de Gaulle ou passe la piste des caravanes). Quand l’administration coloniale eut à faire le traçage de ce quartier en 1921, il ne portait pas de nom et on le désignait "Quartier indigène''. C’est un peu plus tard que l’administrateur adjoint au maire du temps colonial donna le nom ''Bacongo', qui trouve son explication par rapport à la particularité ethnique des premiers habitants qui émigrèrent massivement dans ce quartier après le départ des Tékés. Il s’agit des ressortissants de Boko, notamment appelés les Bakongo, d’où l’attribution du nom Bacongo.

Au fil du temps, les colons français vont occuper plus tard le Plateau (actuel site du Palais du peuple et du marché Plateau), de la Plaine (actuel centre-ville) où ils vont installer un quartier commercial et d’affaires. Le quartier Bacongo est atypique et rappelle la présence française hier et aujourd’hui avec des rues aux noms des hommes des lettres, des militaires, d’hommes politiques, des sciences, des missionnaires catholiques et protestants, sans oublier le célèbre nom de Pierre Savorgnan de Brazza, avec l’avenue De Brazza et le square De Gaulle. Ainsi, les différentes rues de Bacongo portent les dénominations telles Jeanne d’arc, Surcouf, Jean Bart, Augereau, Bertelot, Condorcet, Ampère, Voltaire, Félix- Eboué, Jules-Ferry, John-Sodergren, Archambault, Mère Marie, Raymond-Paillet, Capitaine Tchoréré, Moll, Guynemer, etc. A la suite de certains événements, plusieurs rues de Bacongo ont été débaptisées plus tard et portent des noms de certaines personnalités qui ont marqué son histoire. Il s’agit, entre autres, de la rue Condorcet devenue rue Jacques-Bankaite; Ampère devenue Nkéoua-Joseph; Gynemer devenue Avenue des 3 francs; et bien d’autres.

Au plan événementiel, hormis la kyrielle des groupes artistiques appelés ‘’Sociétés’’ ainsi que les groupes folkloriques et les ballets qui créaient l’ambiance dans le quartier pendant les week-ends, Bacongo est le berceau de la sape dans sa nouvelle acception « Société des ambianceurs et des personnes élégantes ». En effet, c’est à partir de 1950, juste après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, que quelques anciens combattants de retour au Congo, biens stylés, arborent dans les rues de Bacongo des costumes qui attirent la population, notamment la jeunesse qui à son tour s’en approprie et vulgarise la mode vestimentaire par le biais des clubs, à l’image du groupe de Saint-Germain  (Quartier latin du 6e arrondissement de Paris) dont les plus en vue à Bacongo furent les "Existentialistes" ou Existants composé d'Albert Manouana, Ntari Calafard, Ngoma Le Mome, Molinard (célèbre couturier), Duorat … , les "Cabarets de jazz" avec Nzaou Dragon, Bernard Kouamala et autres. A partir de 1961, naquit un club dénommé "Club des jeunes premiers" (les J P) constitués des éléments de Bacongo et Poto-Poto qui va vulgariser la mode vestimentaire, la fameuse sape, sous la houlette de François Salomon De Kodia alias Francos, président inamovible du club, Mpela Lamonta Gomez de Mackanda, Adam Yoka, Clément Ossinondet, Lambert Itoua et bien d’autres. Leurs hobbies étaient l’élégance, la culture, le football et les bars dancing qui les accueillaient, à savoir Faignond à Poto-Poto et Macedo à Bacongo qui furent des hauts lieux des mondanités brazzavilloises. La sape, culte de l’élégance tel que pratiqué par les hommes politiques de la période de l’indépendance, véritables dandys, entre autres, Jacques Opangault, Monékolo (père), Adada (père), l’abbé Fulbert Youlou et ses célèbres soutanes conçues par le couturier Christian Dior, personnalités qui avaient fait du bien vêtir une quasi-religion.

Au cours des décennies 1960 et 1970, d’autres acteurs se substituèrent à leurs illustres devanciers. L’on peut citer Siassia, Narcisse, Maverick, Lhoni, Tcherdo et tant d’autres. Partie de Bacongo où elle est née, la sape a acquis une notoriété mondiale et est devenue, de nos jours, un phénomène constant parmi les Congolais. Telle fut l’histoire du quartier Bacongo et ses spécificités.  A suivre !

Jade Ida Kabat

Légendes et crédits photo : 

La Maison commune de Bacongo /DR

Notification: 

Non