Soudan : Washington sanctionne le chef de l’armée

Dimanche 19 Janvier 2025 - 23:05

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Les  Etats-Unis gèlent les avoirs éventuels  du chef des Forces armées soudanaises (FAS), le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, et interdisent toute transaction avec lui.

Les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre le chef des FAS et admis leur impuissance à mettre fin au conflit qui ravage le Soudan. Des mesures similaires avaient déjà été prises contre le chef des paramilitaires du camp adverse, Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », regroupés au sein des Forces de soutien rapide (FSR). Les sanctions de l’Office of foreign assets control visent à geler les avoirs éventuels aux Etats-Unis des personnes concernées et interdisent toute transaction avec elles. Les Etats-Unis s’appuient sur « des attaques meurtrières contre des civils, notamment des frappes  aériennes contre les infrastructures protégées » par les FAR  d’Al-Bourhane, a déclaré le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo. Ces personnes responsables également  « du refus systématique et intentionnel de l’accès à l’aide humanitaire, utilisant la privation de nourriture comme tactique de guerre ».

Les nouvelles sanctions interviennent  contre les FAR, sous la direction d’Al-Barhane, pour crimes de guerre,  « notamment en prenant pour cible des civils et des infrastructures civiles et en exécutant des civils », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, dans un communiqué. De plus, une enquête du New York Times accable « les FAS d’avoir utilisé des armes chimiques à deux reprises au moins[à Bahri, au nord de Khartoum] contre le groupe paramilitaire qu’elles combattent pour prendre le contrôle du pays ». Le quotidien dit s’appuyer sur le témoignage de quatre responsables américains tenus à l’anonymat. L’utilisation des armes chimiques, probablement du chlore gazeux, n’est pas mentionnée dans le communiqué annonçant les sanctions. A croire  The New York Times, citant plusieurs responsables américains, cela a constitué « un facteur-clé » dans la décision prise contre le général Al-Bourhane.

Les sanctions américaines sont « immorales »

La diplomatie soudanaise a qualifié d’« immorales » les sanctions contre le chef de l’armée, estimant que Washington « soutient ceux qui commettent un génocide » sous le couvert de la neutralité. La référence au « génocide » renvoie aux sanctions appliquées, dans cet autre cas, au chef des forces paramilitaires, Mohammed Hamdan Daglo, suite aux actes génocidaires commis par les FSR au Darfour, selon Washington, et à  sept entreprises établies aux Emirats arabes unis qui auraient vendu des armes aux paramilitaires. Outre le général Al-Bourhane, le Trésor américain a pris des mesures contre un Soudano-Ukrainien, Ahmad Abdalla, accusé de fournir des armes à l’armée soudanaise, ainsi que contre la société Portex Trade Limited, basée à Hongkong. « Prises ensemble, ces sanctions soulignent l’opinion des Etats-Unis selon laquelle aucun des deux hommes n’est apte à gouverner un futur Soudan pacifique », a estimé Anthony Blinken. A la veille de la fin de mandat de l’administration de Joe Biden, le secrétaire d’Etat a exprimé de « vrais regrets » de ne pas avoir réussi à mettre fin au conflit qui a éclaté en avril 2023 et provoqué quelque 150 000 morts et occasionné 13 millions de déplacés. Il s’agit  de la « plus grande crise humanitaire actuelle au monde », estiment les Nations unies.

Noël Ndong

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