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Maurice Lheyet Gaboka

Vendredi 11 Juillet 2014 - 9:54

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Maurice Lheyet Gaboka, homme de lettres et ancien parlementaire, est décédé à Brazzaville le 20 octobre 1973. Il est inhumé au cimetière du centre-ville le 22 octobre de la même année. La nation reconnaissante a donné son nom à l’ancienne Grande École de Ouenzé dont il fut un enseignant émérite puis un directeur dynamique. Cette école borde l’avenue des Balalis. Pour ceux qui ne le sauraient pas, cette artère  prolonge l’avenue de France à partir de l’école Pierre Nzoko (anciennement Saint-Vincent), traverse la rivière Madoukou et s’arrête au rond-point dit Koulounda.

Maurice Lheyet Gaboka, né le 5 novembre 1929 au village Owando, district de Fort-Rousset, est un homme aux multiples facettes. Écrivain, il collabore de 1950 à 1951 à la revue Liaison, organe des cercles culturels de l’Aef (Afrique équatoriale française). Il en est le secrétaire. C’est l’occasion de rappeler qu’à l’époque,  cette revue est dirigée par Lomami Tchibamba dont le centenaire de la naissance a lieu cette année 2014. Les auteurs majeurs de la littérature congolaise y ont fait leurs premières armes, de Jean Malonga à Guy Menga, en passant par Patrice Lhony, Sylvain Bemba et Ambily Letembet.

Maurice Lheyet Gaboka a écrit de nombreux textes dans Liaison et La  Semaine Africaine. On se souvient de son émouvant poème, Hymne à un mort, dédié à Paul Kamba, décédé en 1950 :

C’est toi P.K., qui hier encore égayais ce monde ;

Qui te couches désormais muet comme une onde !

Toi qui de notre musique recherche,

Qui de notre vue aujourd’hui te caches !

C’est toi qui gis au sauvage cimetière,

Faisant fi dorénavant de ta matière,

Ton grand plaisir qu’est la musique,

Musique, art favori de l’Afrique…

Lheyet Gaboka, de son vivant, n’a pas publié ses œuvres. C’est son fils, Bienvenu Gaboka, qui a produit, à titre posthume, un recueil de ses poèmes, Les Ilots cannibales du Congo, aux éditions La Bruyère à Paris.

Lheyet Gaboka est aussi ce parlementaire redoutable, orateur éloquent qui enflamme les travées de l’Assemblée nationale par l’impétuosité de son verbe acerbe. Conseiller en 1957, puis député en 1959 de la circonscription de la Likouala-Mossaka, aujourd’hui Cuvette, sur la liste Msa (Mouvement socialiste africain) de Jacques Opangault, il est le porte parole de l’opposition.

Avant toute chose, Lheyet Gaboka est d’abord un enseignant de carrière. De 1944 à 1948, il est boursier à Mbounda, transformé en Collège moderne du Moyen-Congo en 1945. Il y obtient son diplôme des écoles supérieures et collèges modernes avec le grade d’instituteur adjoint de 1er échelon. En octobre 1948, il fait partie du premier contingent d’enseignants en compagnie de Galingui Michel (Galin Douathe, suite à un changement de nom), Voumbou Joseph (originaires de l’Oubangui-Chari, actuelle République du Centrafrique), Zombo Jean (Cameroun).

De 1954 à 1957, Lheyet Gaboka est affecté à Impfondo. Il prend l’initiative de scolariser des pygmées parmi lesquels : Lékanda et Aboumoulou. À partir de 1958, il cesse d’enseigner pour se consacrer à l’administration, dans le secteur scolaire de la Likouala-Mossaka. En 1965, il quitte Fort-Rousset (actuellement Owando) pour s’installer à Brazzaville. Il est affecté au secrétariat de l’inspection du Djoué-Nord, son dernier poste administratif. Marié le 10 novembre 1949 à Bondo Alphonsine, il était père de 11 enfants. Il est fait chevalier dans  l’ordre du Mérite congolais, à titre posthume.

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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