Africa Graffitis : des artistes prêts à réécrire l’histoire congolaise

Vendredi 16 Août 2013 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 106%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Une soirée culturelle dénommée « Il était une fois le Congo » a été organisée le 15 août à l’espace Poste avancé au quartier Longchamp dans le sixième arrondissement Ngoyo de Pointe-Noire

Initiée par la compagnie de conte Africa Graffitis, cette soirée vise à recueillir les témoignages des Congolais de tous horizons en vue d’une réécriture de l’histoire dans tous ses contours. Une histoire qui laisse souvent de nombreuses zones d’ombre dues aux contingences spatiotemporelles de l’époque et à l’absence d'écritures fiables et authentiques. Pour Nestor Mabiala, directeur de la compagnie Africa Graffitis, chaque Congolais détient une parcelle de l’histoire du pays pour avoir été témoin à quelque niveau que ce soit de notre histoire. Les témoignages de tout un chacun sont importants pour que nous écrivions l’histoire du Congo vécue par les Congolais.

En ouvrant la soirée, il a fait un aperçu général de l’histoire du Congo, des différents régimes politiques à l’éveil culturel en passant par le symbole identitaire actuel des Congolais : la  Société des ambianceurs et personnes élégantes (Sape). Une évocation  revue et corrigée par Kazis Kinouani, artiste musicien ex-gloire du groupe Les Cheveux crépus qui a retracé en témoin oculaire en quelques lignes la véritable l’histoire de la Sape. Selon lui, cette histoire de la Sape commence en 1956 au Kinouani Bar à Bacongo avec comme précurseurs Bidzoukouta, Demapart, Molinar, Nkounka  Célestin etc… L’habit prisé à l’époque était le blouson réversible. Aussi, a-t-il rappelé en guise d’anecdote, que toutes les vestes de l’époque avaient comme doublure la toile de jute communément appelée ngoto que les tailleurs extirpaient des cartons de poisson salé importés ! Molinar fut le premier Congolais à avoir apporté la veste cintrée à Brazzaville, une mode qu’il a créée à Paris lors de son séjour dans la capitale française.

Plusieurs autres aspects de l’histoire congolaise ont également été évoqués au cours de cette soirée agrémentée par l’artiste musicien Kaly Djatou, qui a chanté en trio avec Kazis Kinouani et Maxime Kibongui, deux doyens des Cheveux crépus dans les années 1960-1970 avec Jacques Loubelo, Mouninguissa Rémy, Massamba de Coster, etc.

Interprétant les grands classiques de la musique congolaise comme Nsagu za ya copa d’Antoine Mundanda,  Munua wu dia ngombé de Franklin Boukaka, Welé, Soulard ou Ancien Combattant de Zao, Kaly Djatou, qui vient de faire récemment avec Philippe Sita un tabac au Palais des congrès à Brazzaville, a rappelé bien des souvenirs au public resté nostalgique de cette musique d’autrefois qu’on écoutait avec enthousiasme et plaisir.

Dans un numéro humoristique, le comédien Ebakata  a fait rire le public avec des saynètes comme J’ai fréquenté avec tous les présidents du Congo, Les Toilettes impudiques, etc.

Pour une première expérience,  la compagnie de conte Africa Graffitis a réussi son pari, celui de réunir les Congolais pour une évocation de leur histoire cinquante-trois ans après. Une expérience qu’elle va renouveler prochainement par devoir de mémoire.

Hervé-Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Photo : Nestor Mabiala, directeur de la compagnie Africa Graffitis. (© DR)