Nord-Kivu : désolation et extrême barbarie à Beni et ses environs

Samedi 18 Octobre 2014 - 15:00

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Le gouvernement invite la population à se montrer responsable et politiquement conséquente en coopérant pleinement avec les forces de défense et de sécurité dans les opérations de traque des forces négatives pour le retour de la paix dans cette partie de la République.     

Quarante-huit heures seulement après avoir frappé dans le territoire de Beni où vingt-sept personnes ont péri à la suite d’une opération terroriste menée nuitamment dans plusieurs quartiers, les assaillants identifiés comme des rebelles ougandais de l’ADF sont encore revenus à la charge. Cette fois-ci, ils ont tué vingt-deux personnes dans la localité d’Eringeti, toujours à Béni. Ces présumés rebelles ougandais ont, d’après des témoins, fait la ronde des domiciles vers 22 heures égorgeant, saccageant, pillant et incendiant tout à leur passage.  La plupart des victimes ont été tuées à la machette et à la hache dans une extrême barbarie qui n‘avait d’égal que le cynisme des assaillants. Et pourtant, après l’inhumation jeudi des victimes de mercredi dernier, d’aucuns ont cru que le calme allait vite revenir à Beni. C’était sans compter avec la détermination de cette horde de rebelles ougandais plus que jamais déterminés à mettre cette partie de la République à feux et à sang.

En attendant la descente sur le terrain d’une délégation des députés nationaux pour évaluer la situation et proposer des recommandations idoines, d’aucuns s’interrogent sur les causes profondes de cette recrudescence des tueries à Beni, Oïcha et Lubero où en l’espace d’un mois, l’on a déjà comptabilisé plus de quatre-vingt personnes tuées. La situation est très préoccupante dans ces territoires avec une société civile qui n’arrête d’interpeller le gouvernement sur son devoir de sécuriser la population. De plus en plus des voix s’élèvent pour réclamer la relance de « l’opération Sokola » menée par les FARDC en synergie avec les forces onusiennes laquelle avait tant soi peu ramener une relative paix dans ces localités du Nord Kivu.

Très affecté par cette recrudescence de la violence à Beni, Oïcha et Eringeti, le gouvernement l’a non seulement condamné, mais aussi et surtout, assuré les populations affétées de sa détermination à effacer du sol congolais le terrorisme de la force négative ADF. Le ministre Lambert Mende qui a fait part de la volonté du gouvernement à éradiquer le spectre du mal incarné par les ADF, ne s’explique pas par ailleurs la persistance de ce groupe armé de plus en plus fragilisé. Avec un commandement militaire démantelé et une capacité de nuisance fortement réduite, d’aucuns ne s’expliquent pas sur cette résurgence de l’ADF au moment où l’on s’attend le moins.  

« Les enquêtes diligentées depuis les premières attaques qui ont suivi la chute des places fortes rebelles aux mains des FARDC donnent également à croire qu’il existe quelques réseaux de complicité extérieure et locale avec ces truands, des réseaux qu’il faut impérativement éradiquer », explique Lambert Mende. Il entrevoit là l’exhumation « du projet funeste de déstabilisation de l’Est de la RDC ourdi par des phalanges fascistes de la région des Grands Lacs maintes fois dénoncées ». Qu’à cela ne tienne. Face à l’intransigeance affichée par les ADF décidés à demeurer sur le sol congolais contre vents et marrées, le gouvernement appelle « à la participation de toutes les congolaises et tous les congolais du Grand Nord pour se désolidariser de manière concrète de ces tueurs sans foi ni lois ».  

   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

L'avenue principale de la ville de Beni dans le Nord-Kivu