Commerce : la vente des aliments par terre, un casse-tête de l'hygiène publiqueLundi 22 Décembre 2014 - 17:00 Dans la plupart des marchés de Brazzaville, la vente à même le sol de produits alimentaires semble passer inaperçue, alors que des risques sanitaires sont énormes pour les consommateurs. Pour se rendre compte de l’ampleur de la triste réalité, il suffit de visiter les différents marchés dans les quartiers de la capitale congolaise. Au marché Total, le plus grand marché de Brazzaville, situé dans le 2e arrondissement, Bacongo, de même qu'aux marchés Texaco, Intendance, Lycée Thomas Sankara, ou Tembe na Babanda, à Talangaï dans le 6e arrondissement, le constat est désolant. Partout, d'évidents problèmes d'hygiène se posent. Apparemment les efforts pour mieux organiser et ainsi améliorer l'environnement de vente des produits demeurent insuffisants. Souvent, chaque vendeur ou vendeuse étale sa marchandise sur un morceau de nappe sans faire grand cas de l'insalubrité ambiante. La tendance dans ces marchés, même quand ils sont construits et couverts, est de voir les vendeurs abandonner les étals, pour vendre aux abords des voies de circulation, dans des conditions inappropriées. Au marché Total, encore en construction, les vendeurs, foulant au pied les règles d'hygiène, profitent du manque d’espace pour installer des marchandises où cela leur semble bon. Ce, sous l'indifférence totale du comité du marché et d'autres autorités habilitées. Les produits vendus sont souvent d’origines agroalimentaires: légumes, fruits, aggrumes, mais aussi du poisson d’eau douce et des congelés. D’autres vendeurs en manque d'espace sont contraints de remblayer, après la pluie, des petites surfaces envahies de marres d’eau pour s'offrir une place. C'est le cas au marché Texaco, notamment entre la rue Ntsaba et le rond-point du même nom, sur l’avenue de l’Intendance où l'exposition des produits de vente laisse à désirer. Ici, quelques commerçantes ont placé leurs étalages au-dessus des caniveaux, construits à ciel ouvert, pleins d’eau souillée, dégageant des odeurs nauséabondes. Au marché du Lycée Thomas Sankara, l'une des principales gares routières de Brazzaville, le décor est quasiment le même: une insalubrité à grande échelle. Interrogées sur leur peu de souci pour l'hygiène, des commerçantes rejettent la responsabilité sur l'autorité municipale qui préleve des taxes sans pourtant songer à l'amélioration des conditions de travail. «Le marché est très exiguë, je n’ai pas pu avoir une place à l'intérieur, je suis contrainte de vendre ici à l'extérieur, pourvu que je trouve de quoi nourrir ma famille», a souligné Solange, une vendeuse rencontrée à Texaco. Aux marchés Total et de l'Intendance, les vendeuses justifient leur emplacement au bord des rues par les travaux de construction en cours: «Depuis que notre marché est en construction, nous n’avons plus d’endroits appropriés pour vendre, nous nous contentons des espaces comme celui que vous voyez, pour avoir un peu d’argent et faire face à nos besoins», explique Allegra, une jeune fille-mère, vendeuse au marché Total. Un vrai problème de santé publique Vendus dans ces conditions, ces aliments constituent un réel danger pour la santé publique. Car, l'environnement étant pollué, ces produits alimentaires sont totalement exposés aux microbes de tout genre. La consommation de ces aliments est souvent source de nombreuses maladies, affirment les sachants. Les services d’hygiène publique et autres services habilités sont donc interpellés afin de mettre un terme à ce phénomène qui devient un véritable danger public. En clair, l'assainissement des marchés de Brazzaville devrait être l'une des principales priorités du tout nouveau Conseil départemental et municipal. Firmin Oyé |