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Baisse des cours du pétrole : le nécessaire retour au rééquilibrage budgétaire

Samedi 3 Janvier 2015 - 15:30

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À l’instar des autres pays producteurs du pétrole au sud du Sahara, au Congo, l’année 2014 aura été marquée, au plan économique, par la baisse des cours du pétrole dont le prix du baril est passé de 110.63 à 57,59 dollars ces six derniers mois. Un effet qui a conduit le gouvernement à rééquilibrer le budget de l'État exercice 2015 arrêté en recettes et en dépenses à la somme de 3 069.750.000.000 FCFA contre 3 639 864 000 000 initialement.

Cette chute des prix du pétrole suscite inquiétude chez nombre d’observateurs de la situation financière. Ceci, au regard du niveau élevé des investissements publics. « L’actuel repli des cours internationaux rend d’autant plus urgent le retour à un sentier de rééquilibrage budgétaire du Congo à compter de 2015 », prévient le Fonds monétaire international au terme de sa dernière mission menée du 11au 19 novembre 2014.

 Pour leur part, et conscientes de cette conjoncture qui oblige à revoir à la baisse les dépenses de fonctionnement, les autorités congolaises devraient, en dépit des réserves budgétaires importantes prouvées, adopter rapidement un schéma visant la réduction du déficit hors pétrole pour tenir le cap. « S’il y a baisse du prix du baril du pétrole, le Congo s’attend à une hausse de sa production pétrolière. Nos recettes vont baisser automatiquement du fait de la baisse du prix du baril », avait déclaré le ministre des Finances lors du comité monétaire et financier national.

En effet, quoique l’on dise, il est évident que l’année 2015 sera, à tous points de vue, difficile pour les pays africains exportateurs de pétrole. Pour la République du Congo, la baisse actuelle de moitié du prix du pétrole affectera sans nul doute la poursuite de financement de certains grands projets en vue, sauf ceux jugés prioritaires. Selon les économistes, le Congo doit en tirer les leçons, définir un modèle économique propre à ce domaine très volatile qu'est le pétrole et diversifier les modes de financement de son développement.

« Cette situation pourra effectivement amener le gouvernement à revoir les prévisions initiales en termes d’investissements et de fonctionnement. Étant donné la volatilité du marché pétrolier, le développement du secteur hors pétrole s’avère obligatoire. Il va falloir investir dans les secteurs des services, de l’industrie, du tourisme, de l’agriculture… », pense Emmanuel Kamba, expert en systèmes de financement.

Désiré Mandilou, professeur d’économie et économiste en chef de l’African advisory board Think-Tank estime pour sa part que le cas du Congo s’avèrera plus difficile de pouvoir supporter une baisse des cours sur le long terme. Car, argumente-t-il, Il faut simplement prendre cette conjoncture difficile comme une opportunité de développer la résilience de l’économie nationale aux chocs extérieurs.

Le développement du secteur privé, une alternative

« Les autorités congolaises devraient poursuivre les réformes structurelles en cours pour promouvoir une croissance inclusive dans les secteurs non pétroliers », conseillait le FMI à la même occasion. Ayant pris la mesure de la situation, le gouvernement a opté pour la diversification de l’économie. Dans cette optique, des réformes nécessaires ont été initiées pour encourager les investissements privés et le développement du secteur privé. « Nous ferons de notre mieux pour que les mesures prises soient appliquées pour améliorer le flux des investissements directs étrangers dans notre pays », déclarait le ministre du Développement industriel et de la promotion du secteur privé, Isidore Mvouba à l’occasion d’une conférence de presse.  

Dans le cadre de cette diversification, le Congo compte sur les secteurs tels que les mines dont la phase d’exploitation est attendue courant 2015. Le cas du projet du fer de Mayoko. Il est envisagé le processus d’industrialisation et du développement du secteur agricole national.  En conséquence, le gouvernement a amorcé le recensement des agriculteurs pour arriver à une meilleure politique dans le secteur.

Bien qu’intéressé par des investissements directs étrangers, le Congo devrait appliquer une politique prudente d’endettement. Ceci, compte tenu des récentes augmentations de la dette extérieure qui représente désormais 30% du produit intérieur brut, d’après le Fonds monétaire international.  Avec des banques en surliquidité, un atout majeur le financement de son économie hors pétrole, les autorités congolaises devraient concevoir de nouveaux modèles de financement des projets de développement à travers des appels à l’épargne publique en émettant des emprunts obligataires comme le fait déjà le Gabon.

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

Une plate forme pétrolière au large de Pointe-Noire/ Photo DR.

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