Enjeux de l’heure : la cohésion gouvernementale mise à rude épreuveLundi 9 Mars 2015 - 18:30 Une autorisation de sortie signée par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité au bénéfice du ministre des Congolais de l’étranger en lieu et place du Premier ministre est actuellement au centre d’une vive controverse. Le dernier remaniement du gouvernement que dirige Matata Ponyo n’aura fait que renforcer la méfiance entre ses membres et exacerbé inutilement la tension en interne. C’est le moins qu’on puisse au regard de la cacophonie qui tend à s’installer ces derniers temps au sein de l’exécutif national avec, en prime, des querelles intestines qui reflètent une désharmonie ne profitant finalement à personne. Le vice Premier ministre en charge de l’intérieur est présenté, à tort ou à raison, comme l’élément déstabilisateur du fait de ses frasques aux antipodes des normes régaliennes qu’est censé respecter tout gouvernement. Des sources concordantes confirment le froid qui s’installerait actuellement entre le Premier ministre et son collaborateur le plus immédiat soupçonné de prendre un peu trop de liberté. Non seulement qu’il se serait permis, d’après certaines indiscrétions, à organiser des réunions techniques engageant plusieurs secteurs sans se référer au préalable au Premier ministre, Évariste Boshab aurait également signé une autorisation de sortie au bénéfice du ministre en charge des Congolais de l’étranger. Pour les détracteurs de l’élu de Mweka qui se recrutent également dans sa propre famille politique, il s’agit là d’un acte d’insoumission à ne pas cautionner d’autant plus que, arguent-ils, le chef du gouvernement à qui reviennent cette prérogative n‘était pas frappé d’empêchement et se trouvait bien à Kinshasa. Là où le bât blesse, c’est de constater que cette guéguerre fait aujourd’hui les choux gras de certains journaux à sensation alignés sur chacun des deux protagonistes. C’est dire que le séminaire organisé en janvier à l‘intention de la nouvelle équipe gouvernementale visant à inculquer à ses membres le code moral censé inspirer leurs faits et gestes n’a pas produit l’effet escompté. Matata Ponyo, qui ploie déjà sous le poids écrasant de la personnalité d’Évariste Boshab tendant à lui faire ombrage, serait de plus en plus mal à l’aise dans sa peau. L’envahissement des Chefs des partis politiques enclins à passer outre ses ordres ne fait pas son affaire. D’où l’option, sans doute mesurée de ses courtisans, de les livrer en pâture dans l’opinion en étalant leurs frasques sur la place publique. Une démarche que des observateurs avertis trouvent inopportune pour autant qu’elle tend à affaiblir le Premier ministre qui, en lieu et place de rappeler à l’ordre un adjoint indélicat, aurait opté pour des jérémiades sans issue. À tout prendre, cette guerre des chefs tend à distraire l’opinion sur des vraies questions de l’heure desquelles elle attend des réponses idoines censées améliorer son vécu quotidien. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Matata Ponyo |