Aide publique au développement : la France classée mauvais élève

Samedi 11 Avril 2015 - 11:45

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Pour la 4e année consécutive, l'Aide publique au développement (APD) de la France a reculé. La baisse est de 10%, ce qui met l'aide française sous la moyenne européenne.

En 2014, la part du Revenu national brut (RNB) de la France consacrée à l'APD était à 0,34% du Produit intérieur brut (Pib), a indiqué le Comité d'aide au développement (CAD) de l'Ocde, alors que le contexte international tend plutôt à la hausse. Malgré son désengagement, en volume, la France fait toujours partie des plus grands donateurs, derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni, mais pour la première fois, derrière l'Allemagne.  En pourcentage de son RNB, la France se classe aujourd'hui au 10e position des pays donateurs.

" La France a de nouveau coupé significativement son budget d’aide au développement en 2014, avec une baisse de près de 10 % par rapport à 2013. Elle s’éloigne encore davantage de sa promesse d’allouer 0,7 % de son revenu national à cette aide ", a regretté la directrice de l'Ong One France. Pour le gouvernement français, cette baisse s'explique  par « l’absence d’annulations de dette significatives » en 2014, et il reconnaît que "le contexte budgétaire explique aussi en partie cette baisse ".

Ce qui met la France en deçà de la moyenne de l'UE, 0,42% du RNB en 2014, contre 0,36 % pour la France. Mais la France n'est pas le seul pays à figurer au rang des mauvais élèves. Y figurent également l'Espagne, l'Irlande.

L'APD en baisse générale

En 1970, l'Assemblée générale de Nations unies a décidé de consacrer 0,7 % du RNB à l'aide au développement. Un engagement réitéré en 2005, lors du sommet du G8 de Gleneagles avec l'objectif d'atteindre  0,7 % en 2015. Depuis une décennie, les progrès sont restés faibles. En 2005, la France consacrait 0,47 % de son RNB, contre 0,36 % aujourd’hui. Malgré une courbe descendante, la France continue à réaffirmer son engagement en faveur de l'objectif des 0,7% sans expliquer comment.

La réaction des Ong
Le président de Coordination SUD Philippe Jahshan se dit exaspéré par " le choix politique [qui] demeure incompréhensible et pénalise les populations les plus vulnérables dans une année où les efforts doivent au contraire redoubler". Et pour le responsable plaidoyer financement du développement à Oxfam France Christian Reboul, "sans cohérence, sans moyens ambitieux, sans l’exemplarité de la France, les échéances internationales sont vouées à l’échec et en particulier la COP21" .

Le chargé de plaidoyer au Secours catholique – Caritas France.Grégoire Niaudet va plus loin: " la tendance est à la privatisation de l’aide publique tandis que les enjeux globaux de développement tels que la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire ou l’adaptation au changement climatique requièrent plus que jamais un financement public accru et un encadrement des pratiques du secteur privé".

Le directeur France de Global Health Advocates,  Bruno Rivalan, attend quant à lui "de la cohérence entre les discours et les actes mais surtout une volonté politique renouvelée pour que de nouveaux crédits soient réellement débloqués dès le prochain exercice budgétaire, en priorité sous forme de subventions, pour les pays les plus pauvres".

En juillet 2015, se tiendra à Addis-Abeba (Ethiopie) une conférence sur le financement du développement. Elle sera suivie, en septembre d'un sommet spécial sur les Objectifs du développement durable (ODD) à New-York; puis en décembre, par la COP21 à Paris.

 

 

Noël Ndong