Afrique Sud : des manifestations contre les violences xénophobes

Samedi 18 Avril 2015 - 12:53

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Après les attaques contre les ressortissants étrangers de 2008 ayant fait une soixantaine de victimes, les mêmes violences ont repris à Durban, une ville défavorisée d'Afrique du Sud. Lors d’une manifestation le 16 avril dernier, le président Jacob Zuma a appelé ses compatriotes au calme et à cesser d'agresser les ressortissants africains.

« Nous avons été témoins, au cours de la semaine passée, de violences choquantes et inacceptables à l’encontre d’étrangers, dans plusieurs districts du Kwazulu Natal, et elles ont gagné plusieurs secteurs de la province de Johannesburg Pretoria. Des incidents similaires s’étaient produits à Soweto au mois de janvier. Aucune frustration, aucune colère ne peut justifier des agressions d’étrangers et le pillage de leurs boutiques. Nous condamnons ces violences avec la plus grande fermeté. », a déclaré le président Zuma.

Pour le numéro un sud-africain, ces violences diligentées contre les ressortissants noirs africains vivant sur leur terre, constituent à ses yeux une entorse aux valeurs qu’incarne le pays, notamment le respect pour la vie humaine, pour les droits de l’homme, la dignité et le vivre ensemble. Par conséquence, il a martelé que son pays reste déterminé à combattre toutes formes d’intolérance : le racisme, la xénophobie, l’homophobie et le sexisme.

Le 16 avril, des milliers de personnes sont descendues dans la rue à Durban pour marquer leur opposition contre ce vent de xénophobie qui souffle dans le pays de Nelson Mandela. Nombreux sont des leaders religieux, des responsables des organisations des droits de l’homme qui étaient sortis pour exprimer leur vive préoccupation. « Nelson Mandela se retournerait dans sa tombe s’il nous voyait. », confiait à RFI une manifestante sud-africaine.

Les immigrés africains principalement des Congolais de la RDC, Somaliens, Mozambicains, Zimbabwéens, Ethiopiens et bien d’autres étrangers sont accusés de la montée du chômage et de la hausse de la criminalité dans le pays. Plus de six personnes ont été tuées et plusieurs commerces des étrangers ont aussi été saccagés. « J’ai un enfant avec un étranger. S’ils le tapent et lui disent de partir, mon bébé n’aura pas de père. », dénonce une autre manifestante.

Depuis le week-end dernier, plusieurs dirigeants de la région ont critiqué « le laxisme » des autorités sud-africaines face à la montée des violences. La plus haute autorité traditionnelle du pays, le roi Zulu Goodwill Zwelithini avait même demandé aux étrangers « à faire leurs bagages ». Le ministre mozambicain des Affaires étrangères, Oldemiro Baloi, a lancé un appel au gouvernement sud-africain pour qu'il prenne des mesures sévères contre les violences à l'égard des étrangers, cité par l'agence de presse locale AIM. « Des informations signalent une propagation des attaques xénophobes des faubourgs vers les villes », a déclaré le ministre mozambicain à AIM.

Le président Zuma dans sa déclaration a rassuré la communauté étrangère que les Sud-africains dans leur ensemble ne sont pas xénophobes. Il a également salué la participation de ces étrangers à l’essor économique de son pays. «D’autres sont venus en Afrique du Sud en tant que réfugiés après avoir fui des conflits et des guerres dans leurs pays, de la même manière que des Sud-africains, à une époque, ont quitté ce pays pour d’autres pays de l’Afrique et d’ailleurs, et ils ont été traités avec respect, dignité et générosité par nos frères et sœurs dans le reste du continent  », a conclu Jacob Zuma.

 

Fiacre Kombo