Burundi : l’ONU s’inquiète de l’escalade de la répression gouvernementale

Samedi 2 Mai 2015 - 14:27

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À l’approche du lancement de la campagne électorale, qui doit commencer officiellement dans quelques jours, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) déplore l’escalade de la répression dans ce pays.

Le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, a appelé les autorités à garantir la conduite d’élections libres et équitables, soulignant que l’imposition de restrictions à la presse, la fermeture de stations de radio et la censure contre la couverture médiatique des manifestations ne parviendront pas à faire taire l’opposition.

« Nous sommes profondément préoccupés par la série de mesures prises cette semaine par les autorités burundaises visant à limiter sévèrement l’exercice des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique », a-t-il déclaré lors d’un point de presse le 1er mai à Genève. Rupert Colville a évoqué l’existence de rapports « particulièrement alarmants » faisant état de tirs à balles réelles par les forces de sécurité et les services de renseignement du Burundi contre des manifestants.

Au cours de ces derniers jours, ce pays a été le théâtre d’une vague de violences ayant occasionné des morts, lors des manifestations déclenchées après la décision du parti au pouvoir d’investir le président sortant Pierre Nkurunziza comme candidat à l’élection présidentielle qui se tiendra le 26 juin prochain.

L’opposition burundaise, estimant qu’une troisième candidature du président sortant est anticonstitutionnelle, a appelé à manifester contre cette nomination, provoquant ces violences et la répression de la part des autorités contre les manifestants.

« Nous exhortons les autorités à faire en sorte que les normes internationales, notamment les principes de base des Nations unies sur l’utilisation de la force et des armes à feu par des représentants de la loi, soient pleinement respectées », a ajouté Rupert Colville.

Le porte-parole du HCDH a indiqué que des centaines de personnes ont déjà été arrêtées depuis le début des manifestations. Elles seraient actuellement détenues dans des conditions de surpopulation carcérale extrême, obligeant certains détenus à dormir debout.  « Les détenus ont également été battus, notamment sur leurs pieds et leurs fesses, et certains d’entre ceux qui ont été libérés éprouvent désormais des difficultés à marcher en raison du passage à tabac », a-t-il déploré.

Après deux jours de trêve, notamment samedi et dimanche, qui seront consacrés à l’inhumation des manifestants tués, des contestations se poursuivront à nouveau dès lundi à l’appel de l’opposition et de la société civile. « Nous reviendrons dans les rues avec beaucoup plus de vigueur et nous n’allons plus les quitter tant qu’il n’aura pas renoncé à son projet », a menacé Pacifique Nininahazwe, l’une des figures du Collectif contre un 3e mandat qui regroupe un millier d’associations et les deux centrales syndicales du Burundi.

 

Nestor N'Gampoula