CEMAC : défis de la présidence équato-guinéenneMardi 12 Mai 2015 - 13:07 Au sortir du 12e sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cémac) qui s’est tenu à Libreville, au Gabon, la question qui ne cesse de revenir sur toutes les lèvres est de savoir ce que la présidence équato-guinéenne va apporter concrètement à l’organisation, bien entendu de concert avec la commission de l’union, en matière d’intégration sous-régionale. Pour garantir la libre circulation des 36 millions d’âmes qui peuplent l’espace sous-régional, les chefs d’Etat ont décidé de l’application immédiate de l’Acte additionnel y relatif sur l’ensemble du territoire de la Cémac. « À cet effet, les ressortissants des pays de la Cémac sont autorisés à circuler sans visa à l’intérieur du territoire communautaire, munis soit de la carte d’identité biométrique, soit du passeport biométrique, soit du passeport Cémac biométrique homologué », souligne le communiqué final sanctionnant les travaux. La suppression de visas annoncée ne concerne que des séjours de trois mois et ne signifie nullement le droit d’établissement ou de résidence dans le pays d’accueil. Pour ce qui est de la décision des chefs d’Etat par laquelle sont fondés tous les espoirs, l’on voudra qu’elle soit appliquée à la lettre dans les six pays membres de la sous-région : le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad, le Cameroun, le Congo, la Centrafrique. Mais qu’en sera-t-il effectivement ? La Guinée équatoriale et le Gabon hier réticentes à l’application des mesures sur cette question de la libre circulation des personnes vont-elles vraiment se plier à la volonté communautaire de suspendre les visas pour les citoyens d’autres pays de la sous-région. Seront-elles disposées à faciliter et hâter ce processus d’intégration? Ces interrogations et autres doutes prouvent que plus personne ne prenait plus au sérieux les conclusions des différentes réunions de la Cémac. Pourtant certains dirigeants de l’espace ne ménagent aucun effort pour faire de la sous-région une zone totalement intégrée dans tous les plans. Les réactions de la population de la Cémac sont suscitées par le non-respect de la parole donnée par les dirigeants des pays membres de l’organisation communautaire. L’on se souvient par exemple que le 14 juin 2013, les chefs d’Etat, de gouvernement et de délégation, réunis dans la capitale gabonaise avaient pris la décision de supprimer les visas pour les ressortissants de cet espace dès le premier janvier 2014. Cette mesure qui devait entraîner la libre circulation des personnes et des biens n’avait pas été appliquée comme convenu à cause de la réticence du Gabon et la Guinée équatoriale. Le Gabon évoquait trois raisons principales pour ne pas se soumettre à la volonté sous-régionale : invasion démographique de la part des citoyens d’autres États ; spoliation économique et perversion sociale associée à la délinquance d’origine étrangère. Résultat : les ressortissants de la Cémac, même certaines catégories de gens qui devraient être exempts de visas, en payaient pour s’y rendre dans le territoire gabonais. Et tout dernièrement, même les journalistes invités par la Cémac pour couvrir le 12e sommet des chefs d’État ont été aussi soumis à cette exigence. Quant à la Guinée équatoriale, malgré des avantages qu’elle a acquis à l’issue des réformes des organes de la Cémac, le pays ne s’était pas empêcher, dès le 8 novembre 2013, de prendre une décision unilatérale de ne pas appliquer la libre circulation des personnes dans la région à la date retenue. Du coup, elle ferma ses frontières aux originaires d’autres pays de la zone. Et cela, en l’étendant jusqu’aux professionnels considérés comme prioritaires en attendant l’aboutissement du processus d’intégration sous-régionale. C’est ainsi que fonctionnaires de la Cémac, magistrats, journalistes, pour ne citer que ces exemples ont été tous frappés par cette mesure. « Le Gabon et la Guinée vont inéluctablement se soumettre à la mesure prise dans le cadre de la libre circulation des personnes pour ne plus retarder l’intégration en zone Cémac », a assuré le président de la commission de la Cémac, Pierre Moussa, lors d’une conférence de presse en marge du 12e sommet des chefs d’Etat. Là où le bât blesse, c’est que les ressortissants du Gabon et de la Guinée équatoriale circulaient librement sans visas dans d’autres Etats de la communauté. L’espace Cémac, notons-le, accuse un retard considérable qui fait déjà d’elle la dernière des communautés en Afrique, en termes d’intégration régionale. D’ailleurs les malentendus qui ont souvent lieu entre ses dirigeants ont généré un impact néfaste sur l’ensemble de la zone concernant son développement. Pour preuve, il suffit de citer la persistance de deux places boursières - Douala Stock Exchange (Dsx) et la Bourse des valeurs immobilières de l’Afrique centrale -, qui ne cesse de causer plus de mal que du bien aux pays de la sous-région. En rapport avec tout cela, des experts estiment que la Cémac perd deux points de croissance chaque année du fait des dysfonctionnements en son sein.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |